Le grand méchant « non »

Tu n’as pas besoin d’aller mal pour dire non. Tu n’as pas besoin de te justifier. Tu n’as pas besoin d’avoir des soucis. Tu n’as pas besoin d’une bonne excuse. 

Ces dernières semaines, j’ai dit non, à plusieurs sollicitations, répétées, et un peu sourdes à mon tout premier non. (Les détails sont pas hyper importants : c’est pour un groupe dans lequel je me suis pas mal investie en 2022). Donc je dis non, pour telle tâche, telle autre, telle autre et telle autre. Gros challenge pour mon muscle atrophié du “non”.

Je me sens quand même un peu obligée de dire que la rentrée est très dense pour enrober le grand méchant “non”. C’est semi-vrai. Ça resterait possible de caler ici ou là les heures pour faire ce qu’on me demande, mais l’enjeu pour moi c’est la dispersion, j’ai déjà trop de balles en l’air, besoin d’alléger, de simplifier. Je dis donc que la rentrée est drôlement chargée. Je sens qu’il me faut une excuse.

J’ai croisé une camarade, elle aussi trop sollicitée, au point d’en être dégoutée. Elle me dit, haletante et énervée : “j’en ai marre, j’ai pas que ça à faire, j’ai trois enfants, le cursus, le boulot… C’est pas ma priorité”. Je lui ai tout de suite répondu, wow wow wow, qu’elle n’avait pas besoin de se justifier, qu’elle avait le droit de ne pas avoir le temps ou l’envie, sans fournir en PJ le détail de son agenda. Car moi, je n’ai pas trois enfants ni un boulot à plein temps, et pour autant je ne veux pas investir mon énergie, mes pensées, mes soirs et matins à cet endroit, précisément, là, maintenant. J’ai le droit ? Faut-il forcément trois enfants pour dire non ?

Quelques jours plus tard, on me re-sollicite pour une autre tâche. Je dis que je ne pourrai pas. Et on me demande “ça va ? tu as des soucis ?”. Sur le fond, c’est gentil je crois. Mais je me demande : faut-il aller mal pour être dispensée, faut-il avoir des soucis pour avoir le droit dire non ? J’ai connu les années avec de très bonnes excuses, les proches malades, les deuils : le joker absolu, la garantie d’un non socialement légitime, sans négociation. Et là, ça va bien. Bon sang, ça va bien, des projets qui mettent en joie, qui mettent la barre haut parfois, et pas de drames autour. 

Pas de drames. J’ai le luxe de choisir à quoi je dédie mon temps. Je me réserve des heures concentrées, le téléphone banni, toute entière dévouée à la tâche que je mets ce jour-là en priorité. Je me réserve aussi des heures vides, des heures qui flânent, des heures rêveuses et paresseuses, et des espaces pour dire oui à ce café, ce dîner, cette balade, ce truc chouette improvisé. Je me réserve des incertitudes, de la place dans le paysage intérieur, de l’horizon devant, des moments où, qui sait, je pourrais bien avoir l’élan d’écrire ici, faire ces choses qui ne servent à rien mais qui font du bien. Pour une fois, dire non parce que ça va. Ça va bien, merci.

Le vrai début

Je n’ai pas eu envie de sortir aujourd’hui. Premier mars, j’ai le sentiment qu’une nouvelle année commence. Peut-être parce que c’est le mois de mon anniversaire, et qu’au fond j’ai toujours associé ce mois au vrai début.

Je n’ai pas eu envie de sortir car je crains le froid, le vent, je renonce au soleil sur mes joues, au plaisir de marcher dehors, les mains dans les poches, l’écharpe mal fichue, avec ou sans but. Merci le plaid gris mousseux qui recouvre mes pieds, merci la société qui me permet de reprendre des études et de payer la chaleur qui monte dans les radiateurs, merci l’eau brûlante sur mes doigts glacés après une cigarette fumée à la fenêtre, merci la machine qui lave mon linge, merci mes trois piles de livres, pour la patience et la promesse.

Le vrai début, ce serait d’écrire quand l’envie est là. Et de se forcer un peu quand l’envie est loin. Ce serait de ressortir le tapis violet, lancer une vidéo d’Adriene pour faire une vingtaine de minutes de yoga et soigner ainsi les douleurs au dos, aux genoux, la faiblesse dans les bras, les cuisses, le souffle et les mollets. Ce serait de reprendre la lecture des livres commencés en août, en décembre, en janvier.

Le vrai début, ce serait de dire merci pour les choses très simples aujourd’hui comme écrire quelques lignes, près du radiateur, les mains sur le clavier, avec ou sans but, un plaid gris mousseux sur les pieds, et devant moi trois piles de livres et un tapis violet.

Choses aimées 23-08

“I have a very complicated ritual about writing. It’s psychologically impossible for me to sit down [and do it], so I have to trick myself. I elaborate a very simple strategy which, at least with me, it works: I put down ideas. And I put them down, usually, already in a relatively elaborate way, like the line of thought already written in full sentences, and so on. So up to a certain point, I’m telling myself: No, I’m not yet writing; I’m just putting down ideas. Then, at a certain point, I tell myself: Everything is already there, now I just have to edit it. So that’s the idea, to split it into two. I put down notes, I edit it. Writing disappears.”
Slavoj Žižek cité par Mason Currey

to trick myself

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“In her book, The Creative Habit, Twyla shares that her morning routine was NOT to go to the gym. Instead, it was far more simple: wake up, put on sweats, go outside, hail a cab to the gym.

The thing she is actually trying to do — exercise — was not the thing she committed to do each day. Instead, she focused on getting herself out of her apartment and into a cab. Once she was in the cab and on her way to the gym, the inertia took it from there.

If you focus on the very first steps of the starting line, it can be much easier to just get started.”
Shawn Blanc

focus on the very first steps

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“Predetermine the stopping point. When Seinfeld sits down to write, he knows exactly when he’s going to stop writing. Most people sit down to work with an open-ended block of time. “That’s a ridiculous torture to put on a human being’s head,” Seinfeld said… “It’s like if you hire a trainer to get in shape, and you ask, ‘How long is the session?’ And he says, ‘It’s open-ended.’ Forget it. I’m not doing it. » The brain needs rewards, Seinfeld says. « And the reward is: the alarm goes off, and you’re done. »
10 habits and principles, from the writer and comedian Jerry Seinfeld rassemblés par @bpoppenheimer

predetermine the stopping point

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“Hier soir, je n’avais pas complètement envie d’écrire. Je me serais bien laissée engourdir par le feu et peut-être maté une série sur Arte. Et puis, j’ai pensé, Tu es venue là pour écrire, écris au moins sur ton blog. Une journée où j’écris, j’éprouve ce sentiment de quelque chose d’accompli.”
Christie sur maviesansmoi

ce sentiment de quelque chose d’accompli

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“Parce que plus on fait, plus on ose. Plus on fait, plus on écoute son intuition. Plus on fait, plus on fait comme on est.” 
Morgane Sifantus

plus on fait, plus on fait comme on est

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“Writing and painting do not erase my fears. They don’t disappear completely. But translating them into words and watercolors allows me to explore them and to have volition over them, even a sense of wonder at what emerges. I become the handler of my fears, not the handled. This is what I told a dear friend later that morning. A loved one of hers is sick, and they were waiting for test results, and we commiserated over how torturous the waiting is. “I hope you get a chance to write some morning pages, or maybe even paint,” I said. “It doesn’t take away the terror, but it changes its shape.”
The isolations journal

it doesn’t take away the terror, but it changes its shape

Choses aimées 23-06, 23-07, 23-presque 08

“Difficile pour moi d’exprimer un ressenti à chaud de l’expédition, je m’y risque quand même : (…) J’ai besoin d’être proche de la forêt, mentalement je trouve ça très dur d’avancer entouré de blanc, vers du blanc, je n’imagine même pas lorsqu’il n’y a qu’une étendue blanche à perte de vue…(…)”
David Larlet – Jour 3

très dur d’avancer entouré de blanc, vers du blanc

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“Creativity – like human life itself – begins in darkness. We need to acknowledge this. All too often, we think only in terms of light: “And then the lightbulb went on and I got it!” It is true that insights may come to us as flashes. It is true that some of these flashes may be blinding. It is, however, also true that such bright ideas are preceded by a gestation period that is interior, murky, and completely necessary.”
Julia Cameron citée sur advicetowriters.com

creativity begins in darkness

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« Il faudrait laisser les mots s’étendre. Un mot jamais n’est replié sur l’étendue provisoire, limitée, de son usage par tel sujet, à tel moment et dans tel contexte. En amont d’un mot il y a son étymologie, son histoire, ses bifurcations, ses us et abus, ses compromissions de faux ami, ses courages politiques, ses audaces poétiques. En aval il y a ce que je pourrais – ou, mieux, pourrai – faire de tout cela pour un désir nouveau : ce que je pourrais ou pourrai réinventer de ce mot, pour recommencer de le comprendre et de l’adresser à autrui. »
Georges Didi-Huberman, Brouillards de peines et de désirs, cité par Florence Trocmé sur le Flotoir

laisser les mots s’étendre

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“Sensation de ne plus sentir mes bras, collés le long de mon corps. Les phrases se répètent dans une polyphonie harassante, traînée brumeuse de fin de rêve dont je me réveille enfin, presque soulagé. La douceur du jour. Nostalgie de la pluie. Le présent perpétuel de l’actualité. Démon du ridicule. C’est toujours une alternance, frénésie et doute, enthousiasme et à quoi bon.”
Pierre Ménard sur Liminaire

c’est toujours une alternance
enthousiasme et à quoi bon

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“Je suis ambitieuse, je crois (j’en suis même sûre), mais ailleurs que dans la sphère sociale. Voilà qui pour certains paraîtra idiot, ou obscur, prétentieux. Peu importe. Ce qui compte, pour moi, ce n’est pas d’exprimer mes ambitions, c’est d’en faire quelque chose, un objet extérieur qui parlera à ma place tandis que j’en créerai, perpétuellement, un autre — raison pour laquelle, sans doute, j’ai toujours plusieurs fers au feu.”
Le semainier d’Anne Savelli

toujours plusieurs fers au feu

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« Le fait de s’adonner à une activité qui n’intéresse pas grand monde, qui ne demande pas beaucoup d’espace, qui ne coûte pas cher, comme le dit Virginia Woolf avec tellement d’humour à propos de l’écriture des femmes, et de s’y livrer dans son coin, sans rien demander à personne, donne une merveilleuse liberté. Et si j’ai préféré faire un usage plus minutieux que flamboyant de cette liberté, libre à moi. Méticuleuse liberté. »
Michèle Cohen, citée par Florence Trocmé dans le Flotoir

un usage plus minutieux que flamboyant de cette liberté

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“oui, je pense bien que ça va le faire, si je me lève à quatre heures, je pense avoir le temps de finir les quatre pages qui me restent à écrire, finir de corriger les coquilles, les erreurs, les maladresses, tout vérifier, tout enregistrer, tout envoyer, préparer le café, les tartines, le lait au chocolat, réveiller mon enfant, le préparer pour l’école, vérifier le cartable, signer les papiers, m’habiller, brosser les cheveux, masquer les cernes, vérifier les mails, l’agenda, le calendrier”
Bastramu

je pense bien que ça va le faire

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“Comment faire comprendre le travail (énorme) que l’écriture exige, tout en ne tuant pas dans l’œuf les élans de l’autre.”
(…)
“Depuis hier, notre phrase avec Sophie : « n’empêche, tout ce qui se passe quand on bosse. » et ça ne manque pas : ça se débloque.”
Journal de février d’Amélie Charcosset

n’empêche, tout ce qui se passe quand on bosse

Je cherche

brouillard campagne

Je cherche où écrire. Je me demande s’il faut arrêter la newsletter, et laisser les gens venir quand ils veulent sur mon blog. S’y promener ou juste jeter un oeil furtif, sélectif, voir si leur temps peut s’y arrêter. Mais peut-être que personne ne viendra et qu’être lue exige de « m’adresser à ». Ecrire spécifiquement ce texte que j’enverrai par mailchimp et qui atterrira chez quelqu’un. Dire salut, dire à bientôt. Ce luxe d’être invitée ainsi dans une boîte aux lettres, d’avoir une adresse ! Et même s’il n’y a pas d’attente, même si tout le monde oublie, même si chacun peut cliquer sur « se désabonner », le doute immense, idiot, ne pas savoir ce qui mérite d’être envoyé, passer des heures à chercher une idée comme on passe un temps fou devant le présentoir de cartes postales, qu’on fait tourner d’un coup sec, dans la chaleur dégoulinante, avant de passer un temps fou, tout aussi idiot, à concocter maladroitement, sur ses genoux dans un hall de gare, une trentaine de mots au verso de chaque carte. Le plus important, c’est de poster la carte n’est-ce pas. Dire salut, dire à bientôt.

Je cherche quoi écrire. Ma vie me semble trop obsessionnelle, trop monomaniaque en ce moment pour être racontée sans lasser. Je voudrais y ajouter l’odeur des pins et du savon, des voyages en train, des soleils dans les branches, des créations, des choses apprises qui valent d’être dites. Comment raconter les heures échevelées de fichiers, d’articles, de bouquins ? Ces heures tantôt affreuses tantôt heureuses ? D’autres y arrivent bien.

Je cherche comment écrire. Je crains ma mélancolie, je crains de peser, de poser des mots lourds, des phrases qui peinent, qui traînent, qui figent les maux au lieu de les penser-panser. Je n’aime pas ça chez moi, et je crois que le problème est là. Si j’acceptais complètement cette mélancolie dans mon écriture, si j’embrassais pleinement ce trait, peut-être que j’arriverai à écrire ce qui touche, à faire vivre les mots, les mettre en mouvement, ce truc qu’on appelle l’émotion. Je repense à ce passage de Currey sur Beckett :

« Durant une promenade nocturne près du port de Dublin, il se retrouva au bout d’une jetée, pris dans une tempête hivernale. Entre les hurlements du vent et les bouillonnements de la mer, il s’ aperçut soudain que « la noirceur qu’il s’était efforcé de dompter » dans sa vie – et dans son écriture qui, jusqu’alors, avait échoué à répondre à ses aspirations et à trouver un public – devait être, en définitive, la source de sa veine créatrice. « Je serai toujours déprimé, conclut-il, mais ce qui me console, c’est de comprendre que je peux désormais accepter cette part d’obscurité comme la dominante de ma personnalité. Et en l’acceptant, je la ferai travailler pour moi. » (Beckett, dans Tics et tocs des grands génies de Mason Currey)

Sans toutefois me sentir « toujours déprimée », j’ai senti en lisant cela qu’il y avait là quelque chose pour moi, quelque chose d’important.

Je ne cherche pas à qui écrire. Cette question finalement ne vient pas. J’écris. Je sais que peu de personnes me lisent, je sais que quelques personnes me lisent, je sais que chacun-e me lit avec ses yeux, avec son avant, son après. Qu’on se ressemble un peu, et pas tant. Qu’on se retrouve sans se trouver, sans avoir besoin de se trouver dans les mêmes espaces-temps. Il y a les mots écrits et les mots lus, ce qu’il voulaient dire, ce qu’ils peuvent dire. Et ils revivent chaque fois, différemment.

Je ne cherche pas pourquoi j’écris.
Je cherche plus souvent pourquoi je n’écris pas.

Choses aimées 23-05

La cueillette de la semaine passée :

« Lorsque moi j’ai ouvert ma propre crêperie, j’ai failli déposer le bilan parce que je voulais tout offrir aux gens pour qu’ils aient une carte de fou. Et en fait, le fou c’était moi ! ». Patrick Rongier rappelle les règles : cuisiner vite et bien, être créatif sans jamais s’épuiser. (…) « Je dis toujours : seul le sarrazin sauvera le genre humain. »
Patrick Rongier, maître-crêpier, sur France Inter, le 2 février vers 8h17

être créatif sans jamais s’épuiser

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One of my favorite journaling prompts : “Today was a good day because…”
Shawn Blanc

a good day

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non, je pense pas que ce soit si difficile de tout arrêter, de tout quitter, de tout recommencer, autrement, il suffit de faire le premier geste, le premier pas, ne pas se lever un matin, ne pas répondre à ce mail si urgent, ne pas donner cours à cette requête si pressante, ne pas prendre le téléphone (..)
bastramu

tout recommencer, autrement

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We’re never the same person each and every time we pick up something we’ve previously failed several times. But our minds believe we are, so we tell ourselves: why bother to try again? I guess this is why physical exercise can be so life-changing. The point of exercise above a certain intensity is to fail – failure is what that brings progress. Once we realise and truly learn this, we are able to look forward to failing and not associate it with negative feelings.

That’s the thing about activities that require endurance. They will feel tedious and frustrating at the beginning, or they wouldn’t require endurance. There is developing the endurance for the activity itself – i.e. enduring the fatigue of running long distances or the monotonousness of chopping vegetables, and then there is a meta endurance that can be developed to endure the attempt to endure. This is mostly mental, to be able to continue doing something regardless of how we feel about it in that moment, to not give up because we feel frustrated.
winnie lim

look forward to failing (and not associate it with negative feelings)

endure the attempt to endure

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We all want to do our best work. We all want to create something of value. But what if you’re stuck? What if the solution just doesn’t show up, the idea just won’t come, the interesting just doesn’t want to happen? Writers sometimes call it writer’s block, but not only writers experience it. Everyone who does creative work knows this feeling of just not being able to make progress.

Whenever we’re stuck like this, it is important to recognize that this is totally normal and nothing to be worried about. Such a creative block isn’t really a blocker, it’s more of a short break. The best way to cope with this is to first of all continue to work. Inspiration strikes not when we sit and wait but when we start immersing ourselves in a problem. So don’t wait for the muse to kiss you. Walk on.
Matthias Ott

start immersing

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I once made an experiment, if I quit writing would I have a lot of spare time? And after three weeks I realized that I could just quit and never notice. The time would just vanish like throwing a stone into the water, it would leave no trace. So unless I was willing to just carve out this time for writing, I was never going to get anything done. It is a dilemma that I think everyone faces.
Connie Willis citée sur advicetowriters

carve out this time

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There is no pattern at all. None that I can recognize.

Some posts on this blog get twice or thrice as many views as others. This surge does not depend on the day of the week. It also doesn’t depend on the time of the day. Neither does it happen every month. Neither does it happen or not happen depending on how many times I blog. (Sometimes I post multiple times a day.)

The subject matter doesn’t seem to matter. The length either.

It’s just the result of the great forces of the internet working their magic.

And that is great. That gives me infinite freedom in what I write about.
Ithaka

infinite freedom

///

aucun langage

la nuit qui tombe sur la mer
personne ne peut parler

en un sens
c’est plus profond

aucun langage
ne sortira inchangé

on ne nous apprend pas
à appeler les choses
en présence
par leur nom

on se souviendra
sans doute
du silence

de la nuit qui tombe
sur d’autres mots

//

poème presque fondu à partir des pages 30 et 31 d’un livre universitaire

Choses aimées 23-04

La cueillette de la semaine 4 :

Nous avons parlé. Je lui parle de la tristesse de voir cette mémoire partir. Il comprend. Il dit qu’il faut vivre chaque jour pleinement. Il dit que l’on doit se lever le matin avec le désir du monde. Car de toutes façons à la fin les choses sont brisées, cassées, pulvérisées.
Karl Dubost sur les carnets web de la Grange

se lever le matin avec le désir du monde

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Il est clair pour moi qu’on ne pense jamais tout seul, on pense avec les autres, les morts et les vivants.
Carmen Castillo au micro de Marie Richeux sur France Culture

avec les autres, les morts et les vivants

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« Je veux écrire je veux que mon écriture n’ait pas de sens je veux que mon écriture soit stupide. Mais le langage que j’utilise n’est pas ce que je désire et fabrique. C’est ce qui m’est donné. Le langage est toujours une communauté. Le langage est ce que je sais et c’est mon cri. »
Kathy Acker, Don Quichotte, traduit par Laurence Viallet
Extrait lu sur la page d’accueil de https://chroniquesdesimposteurs.wordpress.com/

et c’est mon cri

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I have so much writing scattered across myriad notebooks, writing editors, pages, notes, old blogs, the cloud, social media apps, etc.

Do I need all of these containers? Sometimes I feel these various platforms evoke different aspects of myself, affecting my writing.

My private writing is a mish-mash of unfinished thoughts, drawings, ideas for projects, and a disregard for unpretty words or clever sentences. I write fast, unbridled. Copious tangents and rants. Deviant notions and gushing obsessions.

My public writing feels restrained, edited, light, safe, and reined in. Bland?
Veronique sur son blog

a disregard for unpretty words or clever sentences

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Keeping too many words private weighs me down, not in the sense that they are depressing, but more symbolically… and almost literally. Private words literally function like weights. They seep through the crust and stay close to my core. They ground me. They anchor me. They keep me from floating away.

Even so, I publish most things instead of keeping them private.

Because, first of all, it’s incredibly difficult to keep private things private. Even though I will of course omit personal details, something will get into the public words. It is near-impossible to keep things separated.
Ithaka O sur son blog

keep me from floating away

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L’idée c’est d’avoir un petit carnet toujours avec moi (à cet instant par exemple il touche mon coude droit), dans lequel je note toutes mes idées sous la forme j’aimerais, je pourrais.
(…)
J’aimerais, je pourrais – no pressure – juste, sonder mon coeur sur ce qu’il désire, sonder mon être sur les forces dont il dispose. Le stylo à la main, prendre la dictée de ce qu’ils ont à me dire – sans me préoccuper du comment, de si je vais le faire, ou pas.
Je prends des idées. Je prends des forces. Je prends du courage.
Christie sur son blog maviesansmoi

j’aimerais
je pourrais

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– On n’épuise pas le réel, son infinie densité, on ne l’épuise pas.
– Alors on fait quoi avec la lumière de l’écriture, on le creuse, on y revient, on le regarde sur un autre angle ?
– Déjà, on fait ce qu’on peut. Ça, c’est sûr. Je n’ai appris que ça en 25 ans d’écriture. On écrit les livres qu’on peut. Et celui-là me l’a rappelé de façon haute et claire.
Marie-Hélène Lafon au micro de Marie Richeux sur France Culture (à environ 28’)

je n’ai appris que ça

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« écrire est souvent refuser d’écrire, refuser de raconter, refuser de se plier à la grande racontade généralisée » ;
« écrire : l’art de la juxtaposition, de l’ellipse : un changement : un tournant : un ultime touillage de la marmite pour y racler le fond : une obstination »
Edith Msika

y racler le fond : une obstination

Choses aimées 23-03

La cueillette de la semaine :

Ces 2 poèmes : “La cantoche” et “Insuffisant”
de Thomas Vinau sur son blog

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A chaque fois, j’oublie.
A chaque fois, la vie me dévore et j’oublie de venir écrire. Je me fais happer par toutes les distractions que le monde m’apporte. Je fais la pieuvre, je me lance dans mille projets en même temps. Je monte des projets, j’accompagne, j’écris pour d’autres. Je fonctionne pour le collectif et j’oublie mon dedans. Je cours partout et je n’écoute pas. Je fais des tours, des ronds, des cercles qui finissent toujours pareil.
A chaque fois, je reviens ici.
(…)
A chaque fois, je me rappelle.
Qu’il y a quelque chose à l’intérieur qui ne demande qu’à être posé. Ecrit. Que tous les mots qui papillonnent dans ma tête attendent simplement d’être attrapés. Couchés sur du papier. Que c’est ce que j’aime le plus faire et que j’oublie pourtant toujours. Concentrée sur ma carrière, mes projets professionnels, je me coupe de ce qui palpite en dedans. Tout ce qui me fait créer des choses à partir du néant.
lu sur le blog murmuration

à chaque fois, j’oublie
à chaque fois, je reviens ici

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Je le dis et le re-écris tant que cela est possible pour déculpabiliser certaines thèses têtes candidates au doctorat, un sujet évolue au gré et malgré toute bonne volonté de cohérence et de ligne droite. Certaines thématiques, angles d’approches, intérêts ou hypothèses de recherche sont tels qu’ils sont à domestiquer sur la durée, comme certains chats. (…)

Faites meute avec des enfants aussi perdus que vous.

Trouvez-vous un coin où tatônner dans le noir.

Gardez en tête la Louve anglaise

qui parlait de ses chambres à soi
dont on a encore besoin au-delà des espaces dont les cloisons se multiplient autour de nos écrans.

Partez de rien, pensez la déconstruction d’un système pour la fabrique du vôtre, trouvez votre ERRANCE FERTILE.
Margot Mellet dans son journal de recherche sur blank.blue

trouvez votre errance fertile

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Instead of crowding your attention with what’s already going viral on the intertubes, focus on the weird stuff. Hunt down the idiosyncratic posts and videos that people are publishing, oftentimes to tiny and niche audiences. It’s decidedly unviral culture — but it’s more likely to plant in your mind the seed of a rare, new idea.

I love the idea of “rewilding your attention”. It puts a name on something I’ve been trying to do for a while now: To stop clicking on the stuff big-tech algorithms push at me.

The metaphor suggests precisely what to do: If you want to have wilder, curiouser thoughts, you have to avoid the industrial monocropping of big-tech feeds. You want an intellectual forest, overgrown with mushrooms and towering weeds and a massive dead log where a family of raccoons has taken up residence.
Clive Thompson

focus on the weird stuff

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(en parlant de Louis De Funès) sa manière de fonctionner, sa mauvaise voix est délicieuse, ses défauts sont délicieux. Les défauts, les défauts des hommes, c’est ce qu’il y a de plus intéressant, c’est de ça qu’il faut parler, de nos défauts. Si on met un couvercle sur nos défauts, on se voile la face. La beauté de l’âme n’est pas très intéressante à représenter, les défauts oui.
Christian Hecq dans le grand atelier sur France Inter

c’est de ça qu’il faut parler, de nos défauts

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Il décrit l’avancée de son œuvre en deux ou trois mots plats. Il fait un croquis pour montrer sur quel bonhomme il travaille, il trace une flèche et il écrit :

jeudi les cuisses et les flancs
vendredi le bras
samedi cette tête de mort qui est sur le côté

C’est un rapport d’activité, ça pourrait être chiant à mourir, mais ça m’a passionné. L’art, c’est aussi ça : abattre du boulot, méticuleusement, jour après jour.
Antonin Crenn dans son journal

l’art c’est aussi ça : abattre du boulot, méticuleusement, jour après jour

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Que la peinture comme l’écriture ne cessent d’agir sur qui nous sommes, ou pensons être. Que peinture et écriture nous modifient. Non pas une image projetée vers un avenir. Mais plutôt à la façon qu’entreprend le sculpteur, en ôtant peu à peu de la matière pour enfin distinguer la forme. Une question importante qui revient régulièrement lorsque je peins, j’écris, c’est est-ce que le tableau ou le texte n’existe pas déjà en amont. Que ces objets, buts, intentions sont là depuis toujours, et que seules la patience et la régularité dans le travail permettent peu à peu de les distinguer.
Patrick Blanchon sur peinturechamanique.blog

seules la patience et la régularité

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Il s’agira, plus exactement, de consacrer 10 minutes (ou moins, bien sûr, mais pas plus !), chaque jour, à rédiger une liste des tâches que nous aurons effectuées, tâches liées à l’écriture et/ou à toute activité rémunérée. Si l’une d’entre nous considère que marcher, nager, cuisiner fait partie de l’écriture, elle l’inscrira dans sa liste.

Chaque jour, nous nous enverrons mutuellement nos listes par mail et je propose que nous programmions ces mails pour qu’ils arrivent à 18h dans nos boîtes respectives, quel que soit le moment où nous avons effectivement écrits, afin de ne pas parasiter nos sommeils respectifs. L’idée est de réussir à écrire et envoyer quotidiennement ses dix minutes.
Anne Savelli dans son semainier du 15 janvier 2023

si l’une d’entre nous considère que marcher, nager, cuisiner fait partie de l’écriture, elle l’inscrira dans sa liste.

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L’écriture, c’est la lutte. Se battre contre ce qu’on sait déjà faire, avancer vers le bancal, le ridicule, le mal foutu, le mal écrit, le mal nommé.
Anne Savelli dans son semainier du 22 janvier 2023

se battre contre ce qu’on sait déjà faire

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Je ne prétends pas avoir de solution, ni même de réponse. Je ne prétends pas non plus savoir comment traiter ces questions dans de la fiction, ni avoir les connaissances ou les compétences pour traiter ces questions de manière efficace. En fait, je ne prétends rien du tout, si ce n’est poser des questions.
Hortense Merisier sur son blog

je ne prétends rien du tout, si ce n’est poser des questions

Deadline

N’oublie pas de dormir, de te coucher tôt. N’oublie pas de respirer. N’oublie pas de manger bien, ni trop, ni trop peu, et des mets variés. Fie-toi aux couleurs pour agencer ton plat, sa diversité. Cueille des mots qui font du bien, te poussent comme le vent te pousse en marchant. Fais-leur une juste place, ne les empêche pas de t’y mettre, qu’ils soient soutien, pas distraction. Bois un dernier café après le déjeuner, réveille tes yeux. N’oublie pas le jeu, la pensée en mouvement. Utilise aussi le papier, le crayon. N’oublie pas de sortir, te promener, quelques minutes au moins, être ailleurs, offrir à ton corps autre chose que les genoux pliés devant l’ordinateur. Tiens bon quand ça vacille. Lâche ce M&M’s. Accroche-toi au travail, au labeur, pas de grandes idées, ni de lourdes méthodes, juste des gestes, hésitants, apprenants, obstinés, des astuces, des petites façons de faire, toujours à revoir, en construction. Prends ton temps mais ne le perds pas. Ne te décourage pas, la montagne n’est qu’une suite de pas. Au début, tu ne sais pas. Et tu y vas. Il n’y a pas d’autre chemin. Tu peux. N’oublie pas.

Le travail en revue #1

Ce billet fait suite à mise au travail #1.

Lundi dernier, j’ai eu cette idée saugrenue de publier mes objectifs de la semaine, dans l’espoir d’augmenter les chances de faire ce que j’ai dit, et dans l’idée de revenir ici, passer en revue les accomplis et les ressentis, traquer les mouvements et les impasses. 

Nous sommes lundi suivant, et à vrai dire, plusieurs sentiments s’emparent de moi. Avant d’entamer ce billet d’abord, un grand doute sur le format, dois-je revenir explicitement sur chacun de mes objectifs, faire des coches ou des croix puis les commenter, ou bien extraire plutôt quelques enseignements saillants de cette semaine ? En relisant les objectifs ensuite, un étonnement, tressé d’embarras : où sont passées mes heures, qu’ai-fait de mon temps, cette liste d’objectifs ne ressemble pas du tout à la semaine que j’ai vécue, dois-je revenir ici me flageller des engagements non tenus ?

Alors, je te demande un peu d’indulgence en me lisant. J’expérimente cet exercice, je cherche, le format évoluera sûrement. 

Une première pensée : le jour n’est pas le bon. Retracer la semaine écoulée le lundi, c’est déborder, empiéter sur la semaine qui démarre, ça tire en arrière et brouille l’envie de regarder maintenant et devant. Je déplacerai peut-être au samedi ou dimanche.

Maintenant, voyons.

tout en même temps : les études, la recherche d’emploi, la consolidation du projet de stage, le début du bénévolat, les envies d’écrire. Je me sens débordée sans l’être vraiment. En vérité, c’est largement faisable, l’enjeu est de trouver un rythme, de redessiner des contours pour me dédier à chaque chose dans un temps net, circonscrit. Retrouver du séquentiel. Un début et une fin. Puis de nouveau, un début et une fin. Cette semaine, tout semblait superposé, entremêlé, avec des heures qui se chevauchent, des tâches entamées, suspendues pour en intégrer d’autres, reprises, décousues. Un sentiment de ne pas arrêter, et pourtant de ne pas avancer. 

la lecture des textes : le plus efficace pour moi, en comparant deux lectures de textes denses et ardus cette semaine, est de faire une première passe en soulignant et en commentant à la marge, d’une traite, puis d’ouvrir un document et noter, assez rapidement, les points problématiques, les questions, les nœuds, ce que j’identifie comme la matière vivante. Ne pas se laisser un temps infini devant soi, choisir une durée, la réduire, et s’y tenir. Utiliser ce sentiment d’être pressé-e pour aller à l’essentiel, être en tension, engagé-e. Pour éviter de barboter, un œil dessus, la tête ailleurs. 

la discussion sur un texte en petit groupe : un tout autre défi, et je sens que ça coince à cet endroit. Pas une prise de conscience nouvelle, mais la récurrence du problème me surprend. J’en suis encore là. Crispée parfois par le flou des conversations, je suis saisie par l’envie de revenir au silence et à l’écrit. Heureusement, ce n’est pas toujours le cas. La discussion du dimanche compense plutôt bien celle du mercredi. Deux différences peut-être, dimanche nous n’avions rien à produire, et ce n’était pas prescrit. Juste discuter, et juste parce qu’on le voulait. Comme j’ai du mal avec ce qu’on m’impose, il y a des choses qui ne changent pas !

la lecture d’un texte en particulier, et d’ouvrages associés, pour une présentation et mise en discussion le mois prochain : je résiste, je refuse de m’y mettre, et je ne comprenais pas bien pourquoi, avant d’écrire ces quelques lignes ici. J’aime l’auteur, le sujet me passionne, ce qui bloque tient plutôt au contexte : l’horizon de parler de cet auteur et de cette méthodologie dans un petit cercle excessivement critique à son encontre. Je dois chercher un positionnement juste, où je ne chercherai pas à défendre, ou à représenter, car ça n’est pas l’objet. 

la marche, ça tient, quotidien. J’aimerais revenir bientôt aux 10 000 pas, et surtout en marchant, quand j’ai le temps, réveiller mon regard et mon attention, oser prendre des photos, me re-fabriquer étrangère à ma ville, avec la patience et l’étonnement des marches en voyage. La même curiosité.

le yoga, pas une fois. Je sais combien ça me fait du bien, je suis nostalgique d’une période assidue où j’en faisais chaque matin, et parfois même entre le job du jour et les cours du soir, le tapis comme un sas. L’habitude est simplement perdue. Ça va revenir, j’y crois.

les pages du matin en utilisant 750words, et le journal le soir, oh oui ça tient. Et ça me tient. Particulièrement la combinaison des deux, aux écritures et aux allures différentes. J’aimerais toutefois revenir aux pages du matin grattées sur papier.

l’écriture : pas de newsletter, pas de billet de blog hormis quelques réels et la publication des choses aimées, que j’adore agencer. Beaucoup de questionnements (pour changer). Le projet du cœur à l’ouvrage, ce que je cherche à y faire, être utile en acceptant de ne pas l’être. L’envie d’un autre blog (en plus, pas à la place de) sur le contenu de mes études, oui mais comment et quand. La pratique des réels, support d’écriture et de regard sur le quotidien, lâcher prise sur les jours pas faits, et surtout veiller à ne pas écrire un réel pour fuir un autre élan, l’écriture d’un billet, et se plaindre ensuite de ne pas avoir le temps de faire les deux. Ne pas faire du réel un prétexte. Ou bien en faire un pré-texte. 

les blogs : la découverte cette semaine de très nombreux blogs, très actifs, et toute cette vie en ligne, hors réseaux sociaux, tous ces coins de web, personnels, vivants, me mettent en joie. Un point d’attention : la bascule entre le moment où ces découvertes m’inspirent et celui où elles m’inhibent, quand je jalouse le style, l’audience, la régularité, tout. 

Aujourd’hui mal

16 janvier 2023 – sur le vif

Aujourd’hui, il fait sombre dans la petite pièce à quinze heures, la lampe du bureau nous éclaire à peine A. et moi. Je tiens le deuxième combiné de la main gauche, le haut parleur à mon oreille, et mon pouce sur le microphone. Qu’on ne sache pas que j’écoute, que je suis là. De la main droite, j’écris des mots, ceux d’A., pesés, choisis, je n’écris pas ses silences, ni le ton de sa voix, importants aussi. J’écris des mots, ceux qui sont dits au bout du fil, du fil à tenir, à tisser tant bien que mal. Qu’il fasse un tout petit peu moins sombre, dans une autre pièce à quinze heures.

Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).

Choses aimées 23-02

La cueillette de la semaine 2 :

It’s really just an online diary that I sent to people. Is that a good idea? Probably not. Am I doing it anyway? Yes.
Annie Mueller sur la page À propos de sa newsletter

Am I doing it anyway ? Yes.

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Etre reconnaissante, malgré l’étonnement, aux lecteurs, mais sans y prêter trop d’importance pour ne pas souffrir de leur absence, il y a tant de choses plus graves.
Brigetoun sur son blog

être reconnaissante, sans y prêter trop d’importance

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All that matters is what lands on the page or the screen, and I don’t see that worrying about not having written yesterday is in any way a help to you writing today. It’s easily the opposite: if you build up this idea that you’re a fraud for not writing every day, I suspect it becomes harder to write any day.
(…)
Because if your failing to write every day means you’re a fraud, then be a fraud. Be very a fraud. All that matters is what ends up on the page and the screen, whatever it takes, however long it takes, whether it’s a daily effort or not.
William Gallagher sur son blog

whatever it takes, however long it takes

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I used to think that I needed a few hours to write a blog post. One day, I decided to limit myself to just one hour. I finished the post in time. Now, an hour is all I need.
(…)
The next time you think you can’t do something, give yourself permission to do it anyway.
Do it in a shorter amount of time than you think is reasonable.
Allow yourself fewer resources than you think you need.
And watch next-level magic happen.
Ozan Varol sur son blog

do it in a shorter amount of time

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Other times, I feel like I’m writing the same thing over and over again. Today, I realised that is the whole point. That is basically my life. Every week it feels like it is playing the same script over and over again while I’m desperately trying to write a new one, yet it feels like my document keeps losing its saves.
And somehow I have to find the will and courage to start all over again.
Winnie Lim sur son blog

the will and courage to start all over again

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Every action has the same value! This is something I needed to be reminded of recently, especially with my February 1st book deadline looming. The efforts that don’t really lead anywhere, that seem wasted—and this is a lot of my efforts in writing—they’re not just somewhat valuable, in their own way, I guess. They’re equally as valuable as the efforts that pay off in a more obvious or straightforward way.
Mason Currey dans sa newsletter

this is something I need to be reminded of

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Et lorsque je viens d’écrire, de retravailler mon chapitre, avec ses pleins et ses creux, avec les fécondités et les stérilités de la réécriture, je porte encore en moi la satisfaction de m’y être remise et la frustration de n’avoir pas trouvé une solution satisfaisante à tel ou tel passage. En marchant, je rumine cette frustration comme une énigme, une équation.
Christie dans son billet “ce que la marche apporte à l’écriture”

comme une énigme, une équation

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« J’ai envie de marcher par les rues. De regarder les visages. J’ai envie de m’offrir ces boots noires remarquées l’autre jour. J’ai envie de rentrer parce que j’ai une furieuse envie d’écrire mes bidules. J’ai envie de dire des sornettes. Faire la cuisine. Inviter. J’ai envie de lire. De rester informée. J’ai envie de dire oui, moi qui ai le non à la bouche. — J’ai envie j’ai envie j’ai envie… »
Anna Urli-Vernenghi  sur son blog

j’ai envie

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J’aime bien me rendre compte d’à quel point l’envie décroit avec le temps. Si je n’écris pas mon cheminement (de pensées) dans la foulée d’une sortie en forêt, je sais que ça n’aura pas lieu. Les émotions du moment s’évanouissent, les anecdotes deviennent fades, les réflexions se noircissent ou se teintent d’une sur-interprétation. Comme si elles n’étaient plus… en vie.
David Larlet sur son blog

en vie

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Des mots et des pas, voilà ce qui est important, pour ce moment, seul, dans la ville.
Karl Dubost sur son blog

des mots et des pas

Aujourd’hui à midi pile

11 janvier 2023 – sur le vif

Aujourd’hui le réel m’invite à regarder l’heure. Je longe le square et sa fontaine, le son de l’eau m’apaise dans le bruit de Paris, il n’est pas encore midi. Je suis dans le métro, une femme porte trois parapluies, un pourquoi me traverse l’esprit, il n’est pas encore midi. Je suis dehors, je marche au soleil inattendu, rues connues, je lève le nez vers cet appartement orné d’une pancarte “vendu”, et quand j’arrive chez moi, il est midi passé. Perdu.

Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).