mon
corps m’espère m’exhorte me tire me porte
le jour tout entier vit dans ce trait soleil
geste presqu’île
un rien
peut faire merveille
mon
corps m’espère m’exhorte me tire me porte
le jour tout entier vit dans ce trait soleil
geste presqu’île
un rien
peut faire merveille
où
vas-tu si vite tu cavales pendant que
j’attends l’heure presque et l’orage maladroit
tu dévales
tu dévores
tant et temps
regarder
la nuit
danser
sous l’épais feuillage
laisser
une phrase
un baiser
jusqu’à son visage
soigner
la vie
entre les pierres
tombales
Poème fondu à partir des pages 30 et 31 de Betty de Tiffany McDaniel (éditions Gallmaister, 2022)
la nuit qui tombe sur la mer
personne ne peut parler
en un sens
c’est plus profond
aucun langage
ne sortira inchangé
on ne nous apprend pas
à appeler les choses
en présence
par leur nom
on se souviendra
sans doute
du silence
de la nuit qui tombe
sur d’autres mots
//
poème presque fondu à partir des pages 30 et 31 d’un livre universitaire
16 janvier 2023 – sur le vif
Aujourd’hui, il fait sombre dans la petite pièce à quinze heures, la lampe du bureau nous éclaire à peine A. et moi. Je tiens le deuxième combiné de la main gauche, le haut parleur à mon oreille, et mon pouce sur le microphone. Qu’on ne sache pas que j’écoute, que je suis là. De la main droite, j’écris des mots, ceux d’A., pesés, choisis, je n’écris pas ses silences, ni le ton de sa voix, importants aussi. J’écris des mots, ceux qui sont dits au bout du fil, du fil à tenir, à tisser tant bien que mal. Qu’il fasse un tout petit peu moins sombre, dans une autre pièce à quinze heures.
Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).
11 janvier 2023 – sur le vif
Aujourd’hui le réel m’invite à regarder l’heure. Je longe le square et sa fontaine, le son de l’eau m’apaise dans le bruit de Paris, il n’est pas encore midi. Je suis dans le métro, une femme porte trois parapluies, un pourquoi me traverse l’esprit, il n’est pas encore midi. Je suis dehors, je marche au soleil inattendu, rues connues, je lève le nez vers cet appartement orné d’une pancarte “vendu”, et quand j’arrive chez moi, il est midi passé. Perdu.
Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).
10 janvier 2023 – sur le tard
Un livre m’attend. Sur le pouf. Cinq autres m’attendent sur le porte-plantes. Deux autres patientent sur la table de chevet. Ne parlons pas des centaines en sursis dans la billy et sur les étagères. Chaque livre posé attend d’être lu. J’imagine qu’on pourrait faire un film, comme Toy Story, en remplaçant les jouets par des livres et l’enfant devenu grand par n’importe qui souffrant de tsundoku. J’aimerais beaucoup voir les pages de Kafka, Garouste et Levé converser, comploter, échafauder toutes sortes de plans ingénieux pour être enfin tournées. Mais ce ne sont pour l’heure que des livres posés.
Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).
9 janvier 2023 – sur le vif
Me trotte de plus en plus l’envie d’écrire, ailleurs, sous mon vrai nom, sur ce que j’étudie. Ici, je partage en méta sur mes études, quasi jamais sur ce que j’apprends. Je vois pourtant bien l’utilité d’en parler. Je vois moins bien comment. Et je crains la masse de travail supplémentaire que ça impliquerait. Je m’interroge enfin sur ce cloisonnement des espaces : est-ce viable ? est-ce nécessaire ? J’aime ici mon presque anonymat, la possibilité d’être lue, et de ne pas être lue, de me soustraire au regard des familiers, au devoir-être, au devoir-dire d’une certaine manière, une tentative de liberté. Une tentative, peut-être pas une réussite.
Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).
J’ai mis le réveil hier soir en pensant je m’y tiendrai, il faut retrouver une organisation, la solidité des journées travaillées, le sens du temps. La douce fierté ce matin d’avoir réussi. Pour autant, se lever ne suffit pas, je traîne une heure radio-café dans la pénombre, le jour enfin se lève et ça suffit. Lumière (bleue). J’écris du journal, j’écris : J’ai beaucoup de choses à faire, beaucoup de retard, par où commencer ? Ai-je besoin d’une todolist ? Peur qu’elle m’effraie. Peut-être malgré tout que cela m’aiderait. Allons bon, je tente, je vais ouvrir leuchtturm – à tes souhaits – pour voir un peu. Heureusement, le journal est là, et me donne un début. Allons bon, je tente, j’ouvre le carnet (bleu), je tourne la page qui abrite mes quelques vœux, j’inscris la date d’aujourd’hui, je liste écrire, rappeler M., lire C., lire V., postuler (au moins 2), retranscrire l’i., l’e., et l’i.s.. Je relis et je dégraisse. En bas de la page, je note à ne pas faire aujourd’hui, en voilà déjà trois qui peuvent attendre. Et je trace un trait, j’isole, je note 1) job 2) rappeler M., rassemblés d’une accolade auprès de laquelle j’écris le + important, souligné avec conviction. J’encadre les deux élus au stabilo, la force du fluo. Aujourd’hui, deux candidatures envoyées, M. rappelée, et quelques fois vu le ciel (bleu).
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Aujourd’hui, les petits yeux après une nuit plutôt infernale, que je range volontiers derrière moi, dans les pires souvenirs d’avant 2023. Résolution prise au coucher, au réveil : désormais, je prends les devants, j’organise, je propose, j’invite, je concocte de bons moments, et ne dis plus oui à tout bout de champ, mue par la peur d’être rabat-joie. Je crée ma joie, je n’attends pas. Les petits yeux et le corps pâteux, j’envoie des whatsapp et j’en reçois. Cœur. Cœur. Cœur. Je joue le jeu, je reste là. Je veux marcher, un peu, faire quelques pas, démarrer l’année comme ça : 1 kilomètre 2. Un tour du quartier pour revenir au point de départ : chez soi. Si ça tient toute l’année, chaque jour écrire, marcher, ce sera une révolution.
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Très envie d’écrire encore aujourd’hui. Mais j’aimerais aimer ce que j’écris. Je suis à mon bureau, devant l’ordinateur, j’ouvre des onglets, je lis des blogs espérant qu’ils me mettent le pied à l’étrier. Je tente quelques phrases. Vite bazardées. J’ai besoin de plus de Kleon (il occupe sans le savoir toutes mes pensées de fin d’année), et je vais chercher dans ma bibliothèque ses 3 livres. Un chapitre s’intitule “Éloignez-vous de l’écran” : “Observez une personne devant son ordinateur, elle est immobile, elle ne bouge pas. (…) rester assis toute la journée devant un ordinateur peut nous tuer et asphyxier ce que nous faisons”. Je n’ai presque pas marché depuis mon test positif, je suis peu sortie, et je sais que ça n’est pas bon. On écrit presque immobile, mais pour écrire, il faut bouger.
Aujourd’hui youpi ! J’ai enfin écrit une newsletter, un billet de blog et publié une cueillette de choses aimées. Après des mois d’absence et de silence, écrire est laborieux. Les idées qu’on pensait nettes atterrissent toutes ratatinées, mal ficelées sur le “papier”, la mélancolie déborde de partout quand on voudrait pourtant passer une onde enjouée, joyeuse, habitée et l’inquiétude surgit de ne plus jamais y arriver. Dans ma newsletter, une phrase que j’ai dite : “je préfère essayer, risquer de faire un truc nul plutôt que rien du tout.”. Je le pensais vraiment, et j’espère m’en souvenir dans les prochains jours.
Aujourd’hui, il suffirait de tendre les bras, et de taper sur ce clavier. Il suffirait d’essayer. Les idées sont là, ça marine depuis quelques semaines. Ça marine et ça stagne, je me couche en pensant à ce que je rêve d’écrire le lendemain, et chaque lendemain, je n’écris rien. Nous sommes en pleine “dead week” (l’expression est parfaite, relayée par Austin Kleon qui a lu Helena Fitzgerald), le temps s’écoule différemment. Se sentir bonne à rien, et désireuse de tout. La VMC fait un bruit d’enfer, comme une tempête en mer. Il suffirait de tendre les bras, et de plonger.
Des plages mouvantes de presque-sable, sous les arbres, les uns droits, les autres courbés,stratèges, emmêlés, petite forêt dans la rivière endurante, étincelante, toujours vive et claire, entre deux ponts de fer et de pierre,deux ânes gris,patients,et un moulin défense d’entrer. #EspacesCompris
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à partir de la proposition d’écriture #espacescompris