Newsletters Substack 2022

Choses dites, choses faites et choses aimées (envoyée via Substack le 6 mars 2022)

Bonjour les soleils du dimanche matin,

Tu t’es abonné·e à cette newsletter Du cœur à l’ouvrage il y a un peu plus d’un an, et c’est la première fois que je t’écris directement. Je n’ai pas d’explication très claire à donner pour ce silence. En vrac, il y a eu des trouilles, des flous et des choix d’être ailleurs. Aujourd’hui, je suis là et en joie de reprendre contact avec toi !

Choses qui n’ont pas changé

Quand j’ai ouvert la page facebook Du cœur à l’ouvrage, j’étais surtout animée par l’envie d’écrire et de partager des contenus sur ce qui se passe quand on s’attèle aux projets qui nous tiennent à cœur. Ça n’a pas bougé d’un iota.

Choses de côté

Il y a un an, je ne pensais pas seulement proposer des contenus mais aussi des accompagnements. Je sortais d’une formation de coaching, je voyais la beauté des séances et j’avais très envie de continuer à pratiquer. Là, tout de suite, ça n’est plus d’actualité. L’envie n’a pas disparu mais elle me paraît loin, comme une silhouette estompée dans le brouillard. J’essaie encore de m’en tenir aux grands oui, alors je mets de côté pour l’instant.

Choses nouvelles

Du cœur à l’ouvrage a désormais son site web : https://clairesohem.com/ ! Je suis sur-excitée de te le partager. Je l’avais bricolé il y a un an déjà et l’ai mis à jour hier. J’en suis très contente, même s’il est imparfait, ou peut-être parce qu’il est imparfait. Je m’y sens bien, j’ai l’impression d’avoir créé un abri pour mes petites lubies. J’espère que tu t’y sentiras bien aussi, et que tu trouveras ici ou là des mots qui te donnent du cœur à l’ouvrage. Dans le blog, il y a des :

  • choses dites, où je bricole des bribes, poèmes, et quelques textes à partir de contraintes d’écriture 
  • choses faites ou presque, où j’explore ce qui se passe quand on essaie de faire des trucs ou presque
  • choses aimées, où je collectionne des choses qui parlent (ou donnent envie) de créer

Choses promises ou presque

Je t’enverrai cette newsletter une à deux fois par mois, mais en vrai je ne sais pas. Ce sera peut-être plus souvent, peut-être moins. J’ai mis un an à t’écrire la première alors faire des promesses de régularité frise le loufoque. 

Choses à demander

Aujourd’hui, j’ai trois questions pour toi :

  • Pourrais-tu me donner un mot ou un petit groupe de mots ? Un mot qui est présent pour toi aujourd’hui, dans ce que tu ressens, ce que tu vois autour de toi ou dans ce que tu dois ou aimerais faire, n’importe quel(s) mot(s). J’aimerais m’en servir comme contrainte d’écriture !
  • C’est quoi la dernière chose que tu as fait pour la première fois ? Il n’y a pas besoin que ce soit grand, les petites choses m’intéressent tout autant.
  • C’est quoi le projet qui te trotte dans le cœur en ce moment (qu’il soit commencé ou pas) ? 

Tu peux répondre à une seule ou plusieurs de ces questions en répondant à cet email (je le reçois dans ma boîte mail) ou bien en commentaire via le bouton ci-dessous “Leave a comment”. J’ai hâte hâte hâte de te lire. Et c’était si chouette de t’écrire enfin, vive les premières fois.

Choses cueillies et choses qu’on choisit d’écouter (envoyée via Substack le 14 mars 2022)

Ils n’ont pas tardé à revenir, les doutes et les trous noirs. Quelques heures à peine après t’avoir écrit la semaine dernière, ce sentiment accablant de faire à chaque pas en avant dix pas en arrière. L’élan se fige, se recroqueville. Rien de nouveau, et je commence à bien reconnaître mes esquives. J’essaie de regarder ça avec la douceur et l’aplomb de l’habituée à qui on ne la fait pas.

Aujourd’hui, je te parle des choses qu’on choisit d’écouter : » https://clairesohem.com/blog/2022/03/choses-quon-choisit-decouter/ 

Et je t’envoie quelques “choses cueillies” ici et là.

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J’apprends ici qu’utiliser des outils et manier des phrases à la syntaxe complexe font appel à des structures communes dans notre cerveau, et qu’entraîner l’une de ces habiletés renforce l’autre. Quelle belle découverte ! Ou plutôt quelle joyeuse confirmation par la science d’un ressenti maintes fois éprouvé ! En faisant des phrases, en tentant d’élaborer un texte ou une pensée, l’intense bricole, le maniement sans les mains, le bruit des outils invisibles pour fabriquer quelque chose, enfin. 

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Dans le même temps, je lis cet article passionnant, qui date un peu mais m’avait échappé : Why I am not a maker de Debbie Chachra, dont je te livre quelques extraits (traduits sauvagement dans l’internet) :

“Une identité construite autour de la fabrication d’objets – être un « maker » – imprègne la culture technologique. Il existe une idée très répandue selon laquelle « les personnes qui fabriquent des objets sont tout simplement différentes [comprendre : meilleures] que celles qui ne le font pas ».”

“Lorsque de nouveaux produits sont fabriqués, nous entendons parler d’innovations technologiques passionnantes, qui sont largement considérées comme valant la peine de payer (plus). En revanche, la politique et le discours public concernant les soins – outre l’éducation, les soins de santé viennent immédiatement à l’esprit – consistent rarement à payer plus pour faire mieux, mais plutôt à trouver des moyens de réduire les coûts.”

“Je veux que nous reconnaissions le travail des éducateurs, de ceux qui analysent, caractérisent et critiquent, de tous ceux qui réparent les choses, de toutes les autres personnes qui font un travail précieux avec et pour les autres – par-dessus tout, les soignants – dont le travail ne consiste pas en quelque chose que vous pouvez mettre dans une boîte et vendre.”

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À propos de celles qui fabriquent des objets, un excellent documentaire retrace l’histoire des couturières en France (visible sur france.tv). Ginette Mouchard raconte le moment où elle entre à l’usine et découvre le travail à la chaîne :

“pour moi ça n’avait plus rien à voir avec la couture, on fabriquait, mais on ne faisait pas de couture, c’était que de l’automatisme, (…) c’était étourdissant, abrutissant. Je voyais des personnes qui étaient sur leur machine qui faisaient les mêmes mouvements.”

Martine, première d’atelier, témoigne aussi :

“ça m’intéressait pas de passer des vêtements sous la machine, moi ce que je voulais c’était un métier où il y ait de la recherche. La haute couture, c’est un peu ça. Donc je suis entrée chez Cardin. J’ai toujours pensé qu’en haute couture, il fallait que l’endroit soit aussi beau que l’envers. C’est ça, la qualité du travail.”

J’aimerais développer à partir de ces deux témoignages, en profiter pour parler de ce que j’apprends en psychologie du travail mais je me sens encore hésitante (et là tout de suite un peu feignasse j’avoue).

Dans ce documentaire, j’apprends aussi que le mot midinette désigne à l’origine ces couturières des grandes maisons de mode parisiennes qui déjeunaient (“faisaient dînette”) le midi dans les parcs publics pendant leur pause ; et j’apprends le nom d’Herminie Cadolle qui d’un geste, d’un coup de ciseau, coupa le corset en deux, au niveau du plexus solaire, et inventa ainsi le premier soutien-gorge.

***

Enfin, et avec la malice des échos, je termine le beau recueil de poèmes Et recoudre le soleil de Gaëlle Josse que l’une de vous m’a fait découvrir cette semaine, et ne résiste pas à l’envie d’en partager quelques-uns.

*

la grâce de certains matins
lorsque monte le soleil

et cette crainte de les abîmer

*

le courage qu’il faut aux fleurs
pour résister à l’hiver

la patience d’un souffle souterrain
et soudain la lumière
le lent déploiement de la vie

comme tout semble simple

*

quand il faut tout rassembler
autour de soi
le courage les vêtements le sourire
et qu’on n’est pas très sûre de vouloir sortir
dans le tranchant du jour

le corps perdu
le cœur perdu
marcher sur le fil d’un silence
guetter quelques mots de passage
prémices d’un éveil

échos d’une lampe allumée
à la fenêtre
de l’autre côté de la rue

les jours à pas comptés

*

et toujours en voyageuse
démunie
j’aborderai le monde

mes pas accordés au vent
qui se lève

Aux antipodes du talent (envoyée via Substack le 22 mars 2022)

Je me suis arrêtée net dans la rue. Mon téléphone en main, l’œil rivé sur l’écran, j’ai vu mes résultats et j’ai explosé de joie. Je n’ai pas pu retenir un grand éclat fanfaron, un rire de soulagement, au point d’effrayer un peu je crois les passants autour, et j’ai gardé, en reprenant mon chemin, cette mine radieuse, ce bonheur serré fort contre moi. C’était les résultats des examens du premier semestre, réussis, y compris celui que j’étais si sûre, si sûre d’avoir affreusement crabouillé. Le délice absolu des efforts qui ont payé, l’espoir qui se rapproche de passer en troisième année, le cœur battant, reconnaissant, frémissant. 

Très gentiment, des proches m’ont félicitée quand je leur ai partagé, les jours suivants, la bonne nouvelle. Mais j’ai entendu une fois les mots “douée” et “talent”, et j’ai senti que ça piquait. Vraiment. C’était, sous les mots doux, valorisants, rayer d’un trait tout le travail engagé. Les heures enfermées à dépouiller des textes, à répéter à haute voix, à bloquer les notifications du téléphone, la jubilation de voir enfin les choses s’imbriquer, d’enfin tenir quelque chose, à 23h, au bout d’une journée entière à buter, la peur parfois de perdre pied, d’être absorbée, obsédée au point d’étaler du gel douche, au lieu du shampooing, sur ma tête, au point de lancer de l’eau à chauffer, sans eau dans la casserole, la tentation d’envoyer tout bouler, la beauté chaque matin de s’y remettre. Ce travail-là, acharné, je le situe à peu près aux antipodes du talent et d’être douée. Je sais bien que ça n’était pas l’intention ni la pensée des personnes qui ont employé ces mots. À dire vrai, je n’en sais rien, peu importe. Ça m’a permis de sentir chez moi un changement profond de regard et d’esprit.

J’ai longtemps été friande de tests, questionnaires, exercices, programmes pour mieux me connaître, mes points forts, ma zone de confort, ma personnalité, mes talents, mes super-pouvoirs. Qu’on me dise qui je suis, qu’on me reconnaisse des qualités intrinsèques, indéniables, des prédispositions, des endroits d’excellence à l’intérieur, pour qu’on me dise quoi faire, où mettre mon énergie, dans quoi je serai la plus douée. Et au fond, j’attendais cela aussi des gens qui m’entouraient. 

Aujourd’hui, je préfère largement qu’on reconnaisse mon travail, dans ses deux versants : ce que j’ai fait, le résultat, et ce que ça m’a demandé, le cheminement. Je préfère largement reconnaître mon envie, mon ardeur, ce qui me tient à cœur. Je préfère largement découvrir que je suis capable de travailler comme ça, et qu’en plus – fabuleux – ça porte ses fruits. Je préfère largement apprendre sur comment j’apprends, affûter mes trucs et astuces pour apprivoiser la flemme, le temps que ça prend, les nœuds dans la tête et dans les doigts. Et peut-être que la prochaine fois, je penserai même à mettre de l’eau dans la casserole.

Tu n’as pas besoin d’être doué·e ou qu’on te le dise.
Fais ce qui te tient à cœur.
Fais-le du mieux que tu peux.
Fais-le vivre.
D’avance, pour ça, tu peux te féliciter et serrer fort ce bonheur-là.

Claire

P.S. : Et voici quelques choses cueillies cette semaine :

Du coeur à l’ouvrage déménage (envoyée via Substack le 26 avril 2022)

Bonjour bonjour,

Je fais une brève irruption dans ta journée pour une info de la plus haute importance. Jusqu’ici, je t’envoyais la newsletter depuis la plateforme Substack. J’ai finalement décidé de basculer sur le bon vieil outil Mailchimp. Magnanime, je t’épargne les coulisses techniques et laborieux de cette décision capitale. Mais je te préviens quand même de ce changement de pigeon voyageur afin d’éviter de fâcheuses pertes de courrier.

La prochaine newsletter arrivera demain, mercredi 27 avril, vers 7h33 heure de Paris. Je t’invite à vérifier tes spams si tu ne la vois pas dans ta boîte de réception.

Bon après-midi et à demain !

Claire

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