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Jouer avec tes défauts et tes difficultés

Aujourd’hui j’ai ouvert la newsletter de women who do stuff et fait une délicieuse découverte : « Jacqui Kenny aka Agoraphobic traveller est agoraphobe et anxieuse. Elle a beaucoup de mal à sortir de son appartement londonien sans faire des crises d’angoisse épuisantes, alors pour voyager, elle se promène sur Google Street View et en tire des clichés magnifiques comme celui pris au Chili depuis son ordinateur. »

J’adore. Je vous partage pas ça pour dire qu’il faut rationaliser ses angoisses, ses blocages et s’y résigner. Du tout, du tout. L’anxiété n’est pas un mode de vie acceptable.

Mais j’adore parce que ça me rappelle deux choses :

– qu’on peut faire des trucs à partir de qui on est maintenant, là où on en est, à cet instant. Qu’il n’y a pas besoin d’attendre d’être « guérie ».

– que nos « défauts » ou difficultés peuvent être des sources incroyables d’inspiration et de création quand on arrête de leur dire ta gueule à longueur de journée et qu’on regarde comment on peut jouer avec au lieu de lutter contre.

Et toi, avec quoi tu pourrais jouer ?

toutes ces voix

toutes ces voix
que nous n’écoutions pas

je peux entendre la foule
le tonnerre
et la musique

la voici, la musique

je peux trembler debout
dans l’air brûlé
qui s’élève sans fin

cruel staccato

toutes ces voix 
que nous n’écoutions pas

tu te souviendras


Poème fondu d’après les pages 30 et 31 d’un livre…dont je ne me souviens plus !

Si le monde est devenu une habitude

si le monde est devenu une habitude,
marque un temps d’arrêt

comme si tu te réveillais
reste planté là
reste jusqu’à toi

tombe
rampe
renverse-toi
des centaines de fois

nous ne savons même pas
si la vie est possible
si la vie est peuplée

peu importe finalement
que l’étrange arrive
ou que la joie se livre

demande-toi
si le monde est devenu
une habitude


Poème fondu d’après Le monde de Sophie, de Jostein Gaarder (pages 30 et 31)

Tous les jours

Tous les jours
pendant plusieurs années
j’ai décidé de créer.

Bientôt, ailleurs.
Dans quelques mois.
Dans un quart d’heure.
Quand j’habiterai ici, ou là.

J’ai dit :
Juste après,
je m’y mets.

J’ai résisté au travail et au mouvement
agrandi les failles, squatté le temps,
cherché l’éclat, lutté ici et là.
J’ai joué d’autres épopées.

Tous les jours,
Pendant toutes ces années,
j’ai fait le choix de ne pas créer.


Poème fondu à partir de Contrées, histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa (Collectif Mauvaise Troupe)