j’étais une maison – il fallait savoir parler pieds
nus,
garder le
miel et
même le
pain du soir
Poème autodaté mais aussi fondu, à partir des pages 48 et 49 de Se coltiner grandir de Milène Tournier (Éditions Lurlure, 2022-2023)
dans un reflet, surpris mon regard triste et
peureux.
déjà vu
ces yeux-
là, un
samedi, au zoo.
l’un après l’autre et tu
auras
une phrase.
chose médiocre,
haïssable peut-être,
mais chose malléable
faut lâcher toute idée de bien faire
voilà
j’ai
lâché, tu
trouveras un
poème par terre
—
avec l’amorce du jour des réels à prise rapide
mangé les flaques le jaune et
le
hasard des
routes, maintenant
s’asseoir,
ne pas savoir
les fantômes sont fidèles, bavards
et
gourmands – un
peu de
force : leur
préférer les vivants
j’ignore où tu
disparais
je sais
qu’au
matin mordant
moi je resterai
je pouvais m’habituer
aux
matins présages
à ton
sourire qui
escalade mon visage
et je me
tais
j’écoute
un rire
d’enfant
sur un tourniquet
je m’
arrime
à demain
et ce
jour demeure
piano sans musicien
je
m’
attarde parfois
aux plis
du soleil
je m’attends
des entredeux respirer
le
tendre
et des
seuils troubles
deviner l’éclat
tu as
pris le monde sous mes pieds, je veux marcher
encore
je
passe ma
vie à
fabriquer du sol