Choses aimées 23-08

“I have a very complicated ritual about writing. It’s psychologically impossible for me to sit down [and do it], so I have to trick myself. I elaborate a very simple strategy which, at least with me, it works: I put down ideas. And I put them down, usually, already in a relatively elaborate way, like the line of thought already written in full sentences, and so on. So up to a certain point, I’m telling myself: No, I’m not yet writing; I’m just putting down ideas. Then, at a certain point, I tell myself: Everything is already there, now I just have to edit it. So that’s the idea, to split it into two. I put down notes, I edit it. Writing disappears.”
Slavoj Žižek cité par Mason Currey

to trick myself

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“In her book, The Creative Habit, Twyla shares that her morning routine was NOT to go to the gym. Instead, it was far more simple: wake up, put on sweats, go outside, hail a cab to the gym.

The thing she is actually trying to do — exercise — was not the thing she committed to do each day. Instead, she focused on getting herself out of her apartment and into a cab. Once she was in the cab and on her way to the gym, the inertia took it from there.

If you focus on the very first steps of the starting line, it can be much easier to just get started.”
Shawn Blanc

focus on the very first steps

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“Predetermine the stopping point. When Seinfeld sits down to write, he knows exactly when he’s going to stop writing. Most people sit down to work with an open-ended block of time. “That’s a ridiculous torture to put on a human being’s head,” Seinfeld said… “It’s like if you hire a trainer to get in shape, and you ask, ‘How long is the session?’ And he says, ‘It’s open-ended.’ Forget it. I’m not doing it. » The brain needs rewards, Seinfeld says. « And the reward is: the alarm goes off, and you’re done. »
10 habits and principles, from the writer and comedian Jerry Seinfeld rassemblés par @bpoppenheimer

predetermine the stopping point

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“Hier soir, je n’avais pas complètement envie d’écrire. Je me serais bien laissée engourdir par le feu et peut-être maté une série sur Arte. Et puis, j’ai pensé, Tu es venue là pour écrire, écris au moins sur ton blog. Une journée où j’écris, j’éprouve ce sentiment de quelque chose d’accompli.”
Christie sur maviesansmoi

ce sentiment de quelque chose d’accompli

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“Parce que plus on fait, plus on ose. Plus on fait, plus on écoute son intuition. Plus on fait, plus on fait comme on est.” 
Morgane Sifantus

plus on fait, plus on fait comme on est

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“Writing and painting do not erase my fears. They don’t disappear completely. But translating them into words and watercolors allows me to explore them and to have volition over them, even a sense of wonder at what emerges. I become the handler of my fears, not the handled. This is what I told a dear friend later that morning. A loved one of hers is sick, and they were waiting for test results, and we commiserated over how torturous the waiting is. “I hope you get a chance to write some morning pages, or maybe even paint,” I said. “It doesn’t take away the terror, but it changes its shape.”
The isolations journal

it doesn’t take away the terror, but it changes its shape

Choses aimées 23-06, 23-07, 23-presque 08

“Difficile pour moi d’exprimer un ressenti à chaud de l’expédition, je m’y risque quand même : (…) J’ai besoin d’être proche de la forêt, mentalement je trouve ça très dur d’avancer entouré de blanc, vers du blanc, je n’imagine même pas lorsqu’il n’y a qu’une étendue blanche à perte de vue…(…)”
David Larlet – Jour 3

très dur d’avancer entouré de blanc, vers du blanc

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“Creativity – like human life itself – begins in darkness. We need to acknowledge this. All too often, we think only in terms of light: “And then the lightbulb went on and I got it!” It is true that insights may come to us as flashes. It is true that some of these flashes may be blinding. It is, however, also true that such bright ideas are preceded by a gestation period that is interior, murky, and completely necessary.”
Julia Cameron citée sur advicetowriters.com

creativity begins in darkness

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« Il faudrait laisser les mots s’étendre. Un mot jamais n’est replié sur l’étendue provisoire, limitée, de son usage par tel sujet, à tel moment et dans tel contexte. En amont d’un mot il y a son étymologie, son histoire, ses bifurcations, ses us et abus, ses compromissions de faux ami, ses courages politiques, ses audaces poétiques. En aval il y a ce que je pourrais – ou, mieux, pourrai – faire de tout cela pour un désir nouveau : ce que je pourrais ou pourrai réinventer de ce mot, pour recommencer de le comprendre et de l’adresser à autrui. »
Georges Didi-Huberman, Brouillards de peines et de désirs, cité par Florence Trocmé sur le Flotoir

laisser les mots s’étendre

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“Sensation de ne plus sentir mes bras, collés le long de mon corps. Les phrases se répètent dans une polyphonie harassante, traînée brumeuse de fin de rêve dont je me réveille enfin, presque soulagé. La douceur du jour. Nostalgie de la pluie. Le présent perpétuel de l’actualité. Démon du ridicule. C’est toujours une alternance, frénésie et doute, enthousiasme et à quoi bon.”
Pierre Ménard sur Liminaire

c’est toujours une alternance
enthousiasme et à quoi bon

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“Je suis ambitieuse, je crois (j’en suis même sûre), mais ailleurs que dans la sphère sociale. Voilà qui pour certains paraîtra idiot, ou obscur, prétentieux. Peu importe. Ce qui compte, pour moi, ce n’est pas d’exprimer mes ambitions, c’est d’en faire quelque chose, un objet extérieur qui parlera à ma place tandis que j’en créerai, perpétuellement, un autre — raison pour laquelle, sans doute, j’ai toujours plusieurs fers au feu.”
Le semainier d’Anne Savelli

toujours plusieurs fers au feu

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« Le fait de s’adonner à une activité qui n’intéresse pas grand monde, qui ne demande pas beaucoup d’espace, qui ne coûte pas cher, comme le dit Virginia Woolf avec tellement d’humour à propos de l’écriture des femmes, et de s’y livrer dans son coin, sans rien demander à personne, donne une merveilleuse liberté. Et si j’ai préféré faire un usage plus minutieux que flamboyant de cette liberté, libre à moi. Méticuleuse liberté. »
Michèle Cohen, citée par Florence Trocmé dans le Flotoir

un usage plus minutieux que flamboyant de cette liberté

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“oui, je pense bien que ça va le faire, si je me lève à quatre heures, je pense avoir le temps de finir les quatre pages qui me restent à écrire, finir de corriger les coquilles, les erreurs, les maladresses, tout vérifier, tout enregistrer, tout envoyer, préparer le café, les tartines, le lait au chocolat, réveiller mon enfant, le préparer pour l’école, vérifier le cartable, signer les papiers, m’habiller, brosser les cheveux, masquer les cernes, vérifier les mails, l’agenda, le calendrier”
Bastramu

je pense bien que ça va le faire

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“Comment faire comprendre le travail (énorme) que l’écriture exige, tout en ne tuant pas dans l’œuf les élans de l’autre.”
(…)
“Depuis hier, notre phrase avec Sophie : « n’empêche, tout ce qui se passe quand on bosse. » et ça ne manque pas : ça se débloque.”
Journal de février d’Amélie Charcosset

n’empêche, tout ce qui se passe quand on bosse

Je cherche

brouillard campagne

Je cherche où écrire. Je me demande s’il faut arrêter la newsletter, et laisser les gens venir quand ils veulent sur mon blog. S’y promener ou juste jeter un oeil furtif, sélectif, voir si leur temps peut s’y arrêter. Mais peut-être que personne ne viendra et qu’être lue exige de « m’adresser à ». Ecrire spécifiquement ce texte que j’enverrai par mailchimp et qui atterrira chez quelqu’un. Dire salut, dire à bientôt. Ce luxe d’être invitée ainsi dans une boîte aux lettres, d’avoir une adresse ! Et même s’il n’y a pas d’attente, même si tout le monde oublie, même si chacun peut cliquer sur « se désabonner », le doute immense, idiot, ne pas savoir ce qui mérite d’être envoyé, passer des heures à chercher une idée comme on passe un temps fou devant le présentoir de cartes postales, qu’on fait tourner d’un coup sec, dans la chaleur dégoulinante, avant de passer un temps fou, tout aussi idiot, à concocter maladroitement, sur ses genoux dans un hall de gare, une trentaine de mots au verso de chaque carte. Le plus important, c’est de poster la carte n’est-ce pas. Dire salut, dire à bientôt.

Je cherche quoi écrire. Ma vie me semble trop obsessionnelle, trop monomaniaque en ce moment pour être racontée sans lasser. Je voudrais y ajouter l’odeur des pins et du savon, des voyages en train, des soleils dans les branches, des créations, des choses apprises qui valent d’être dites. Comment raconter les heures échevelées de fichiers, d’articles, de bouquins ? Ces heures tantôt affreuses tantôt heureuses ? D’autres y arrivent bien.

Je cherche comment écrire. Je crains ma mélancolie, je crains de peser, de poser des mots lourds, des phrases qui peinent, qui traînent, qui figent les maux au lieu de les penser-panser. Je n’aime pas ça chez moi, et je crois que le problème est là. Si j’acceptais complètement cette mélancolie dans mon écriture, si j’embrassais pleinement ce trait, peut-être que j’arriverai à écrire ce qui touche, à faire vivre les mots, les mettre en mouvement, ce truc qu’on appelle l’émotion. Je repense à ce passage de Currey sur Beckett :

« Durant une promenade nocturne près du port de Dublin, il se retrouva au bout d’une jetée, pris dans une tempête hivernale. Entre les hurlements du vent et les bouillonnements de la mer, il s’ aperçut soudain que « la noirceur qu’il s’était efforcé de dompter » dans sa vie – et dans son écriture qui, jusqu’alors, avait échoué à répondre à ses aspirations et à trouver un public – devait être, en définitive, la source de sa veine créatrice. « Je serai toujours déprimé, conclut-il, mais ce qui me console, c’est de comprendre que je peux désormais accepter cette part d’obscurité comme la dominante de ma personnalité. Et en l’acceptant, je la ferai travailler pour moi. » (Beckett, dans Tics et tocs des grands génies de Mason Currey)

Sans toutefois me sentir « toujours déprimée », j’ai senti en lisant cela qu’il y avait là quelque chose pour moi, quelque chose d’important.

Je ne cherche pas à qui écrire. Cette question finalement ne vient pas. J’écris. Je sais que peu de personnes me lisent, je sais que quelques personnes me lisent, je sais que chacun-e me lit avec ses yeux, avec son avant, son après. Qu’on se ressemble un peu, et pas tant. Qu’on se retrouve sans se trouver, sans avoir besoin de se trouver dans les mêmes espaces-temps. Il y a les mots écrits et les mots lus, ce qu’il voulaient dire, ce qu’ils peuvent dire. Et ils revivent chaque fois, différemment.

Je ne cherche pas pourquoi j’écris.
Je cherche plus souvent pourquoi je n’écris pas.

Choses aimées 23-05

La cueillette de la semaine passée :

« Lorsque moi j’ai ouvert ma propre crêperie, j’ai failli déposer le bilan parce que je voulais tout offrir aux gens pour qu’ils aient une carte de fou. Et en fait, le fou c’était moi ! ». Patrick Rongier rappelle les règles : cuisiner vite et bien, être créatif sans jamais s’épuiser. (…) « Je dis toujours : seul le sarrazin sauvera le genre humain. »
Patrick Rongier, maître-crêpier, sur France Inter, le 2 février vers 8h17

être créatif sans jamais s’épuiser

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One of my favorite journaling prompts : “Today was a good day because…”
Shawn Blanc

a good day

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non, je pense pas que ce soit si difficile de tout arrêter, de tout quitter, de tout recommencer, autrement, il suffit de faire le premier geste, le premier pas, ne pas se lever un matin, ne pas répondre à ce mail si urgent, ne pas donner cours à cette requête si pressante, ne pas prendre le téléphone (..)
bastramu

tout recommencer, autrement

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We’re never the same person each and every time we pick up something we’ve previously failed several times. But our minds believe we are, so we tell ourselves: why bother to try again? I guess this is why physical exercise can be so life-changing. The point of exercise above a certain intensity is to fail – failure is what that brings progress. Once we realise and truly learn this, we are able to look forward to failing and not associate it with negative feelings.

That’s the thing about activities that require endurance. They will feel tedious and frustrating at the beginning, or they wouldn’t require endurance. There is developing the endurance for the activity itself – i.e. enduring the fatigue of running long distances or the monotonousness of chopping vegetables, and then there is a meta endurance that can be developed to endure the attempt to endure. This is mostly mental, to be able to continue doing something regardless of how we feel about it in that moment, to not give up because we feel frustrated.
winnie lim

look forward to failing (and not associate it with negative feelings)

endure the attempt to endure

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We all want to do our best work. We all want to create something of value. But what if you’re stuck? What if the solution just doesn’t show up, the idea just won’t come, the interesting just doesn’t want to happen? Writers sometimes call it writer’s block, but not only writers experience it. Everyone who does creative work knows this feeling of just not being able to make progress.

Whenever we’re stuck like this, it is important to recognize that this is totally normal and nothing to be worried about. Such a creative block isn’t really a blocker, it’s more of a short break. The best way to cope with this is to first of all continue to work. Inspiration strikes not when we sit and wait but when we start immersing ourselves in a problem. So don’t wait for the muse to kiss you. Walk on.
Matthias Ott

start immersing

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I once made an experiment, if I quit writing would I have a lot of spare time? And after three weeks I realized that I could just quit and never notice. The time would just vanish like throwing a stone into the water, it would leave no trace. So unless I was willing to just carve out this time for writing, I was never going to get anything done. It is a dilemma that I think everyone faces.
Connie Willis citée sur advicetowriters

carve out this time

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There is no pattern at all. None that I can recognize.

Some posts on this blog get twice or thrice as many views as others. This surge does not depend on the day of the week. It also doesn’t depend on the time of the day. Neither does it happen every month. Neither does it happen or not happen depending on how many times I blog. (Sometimes I post multiple times a day.)

The subject matter doesn’t seem to matter. The length either.

It’s just the result of the great forces of the internet working their magic.

And that is great. That gives me infinite freedom in what I write about.
Ithaka

infinite freedom

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aucun langage

la nuit qui tombe sur la mer
personne ne peut parler

en un sens
c’est plus profond

aucun langage
ne sortira inchangé

on ne nous apprend pas
à appeler les choses
en présence
par leur nom

on se souviendra
sans doute
du silence

de la nuit qui tombe
sur d’autres mots

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poème presque fondu à partir des pages 30 et 31 d’un livre universitaire