Choses aimées 23-04

La cueillette de la semaine 4 :

Nous avons parlé. Je lui parle de la tristesse de voir cette mémoire partir. Il comprend. Il dit qu’il faut vivre chaque jour pleinement. Il dit que l’on doit se lever le matin avec le désir du monde. Car de toutes façons à la fin les choses sont brisées, cassées, pulvérisées.
Karl Dubost sur les carnets web de la Grange

se lever le matin avec le désir du monde

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Il est clair pour moi qu’on ne pense jamais tout seul, on pense avec les autres, les morts et les vivants.
Carmen Castillo au micro de Marie Richeux sur France Culture

avec les autres, les morts et les vivants

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« Je veux écrire je veux que mon écriture n’ait pas de sens je veux que mon écriture soit stupide. Mais le langage que j’utilise n’est pas ce que je désire et fabrique. C’est ce qui m’est donné. Le langage est toujours une communauté. Le langage est ce que je sais et c’est mon cri. »
Kathy Acker, Don Quichotte, traduit par Laurence Viallet
Extrait lu sur la page d’accueil de https://chroniquesdesimposteurs.wordpress.com/

et c’est mon cri

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I have so much writing scattered across myriad notebooks, writing editors, pages, notes, old blogs, the cloud, social media apps, etc.

Do I need all of these containers? Sometimes I feel these various platforms evoke different aspects of myself, affecting my writing.

My private writing is a mish-mash of unfinished thoughts, drawings, ideas for projects, and a disregard for unpretty words or clever sentences. I write fast, unbridled. Copious tangents and rants. Deviant notions and gushing obsessions.

My public writing feels restrained, edited, light, safe, and reined in. Bland?
Veronique sur son blog

a disregard for unpretty words or clever sentences

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Keeping too many words private weighs me down, not in the sense that they are depressing, but more symbolically… and almost literally. Private words literally function like weights. They seep through the crust and stay close to my core. They ground me. They anchor me. They keep me from floating away.

Even so, I publish most things instead of keeping them private.

Because, first of all, it’s incredibly difficult to keep private things private. Even though I will of course omit personal details, something will get into the public words. It is near-impossible to keep things separated.
Ithaka O sur son blog

keep me from floating away

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L’idée c’est d’avoir un petit carnet toujours avec moi (à cet instant par exemple il touche mon coude droit), dans lequel je note toutes mes idées sous la forme j’aimerais, je pourrais.
(…)
J’aimerais, je pourrais – no pressure – juste, sonder mon coeur sur ce qu’il désire, sonder mon être sur les forces dont il dispose. Le stylo à la main, prendre la dictée de ce qu’ils ont à me dire – sans me préoccuper du comment, de si je vais le faire, ou pas.
Je prends des idées. Je prends des forces. Je prends du courage.
Christie sur son blog maviesansmoi

j’aimerais
je pourrais

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– On n’épuise pas le réel, son infinie densité, on ne l’épuise pas.
– Alors on fait quoi avec la lumière de l’écriture, on le creuse, on y revient, on le regarde sur un autre angle ?
– Déjà, on fait ce qu’on peut. Ça, c’est sûr. Je n’ai appris que ça en 25 ans d’écriture. On écrit les livres qu’on peut. Et celui-là me l’a rappelé de façon haute et claire.
Marie-Hélène Lafon au micro de Marie Richeux sur France Culture (à environ 28’)

je n’ai appris que ça

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« écrire est souvent refuser d’écrire, refuser de raconter, refuser de se plier à la grande racontade généralisée » ;
« écrire : l’art de la juxtaposition, de l’ellipse : un changement : un tournant : un ultime touillage de la marmite pour y racler le fond : une obstination »
Edith Msika

y racler le fond : une obstination

Choses aimées 23-03

La cueillette de la semaine :

Ces 2 poèmes : “La cantoche” et “Insuffisant”
de Thomas Vinau sur son blog

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A chaque fois, j’oublie.
A chaque fois, la vie me dévore et j’oublie de venir écrire. Je me fais happer par toutes les distractions que le monde m’apporte. Je fais la pieuvre, je me lance dans mille projets en même temps. Je monte des projets, j’accompagne, j’écris pour d’autres. Je fonctionne pour le collectif et j’oublie mon dedans. Je cours partout et je n’écoute pas. Je fais des tours, des ronds, des cercles qui finissent toujours pareil.
A chaque fois, je reviens ici.
(…)
A chaque fois, je me rappelle.
Qu’il y a quelque chose à l’intérieur qui ne demande qu’à être posé. Ecrit. Que tous les mots qui papillonnent dans ma tête attendent simplement d’être attrapés. Couchés sur du papier. Que c’est ce que j’aime le plus faire et que j’oublie pourtant toujours. Concentrée sur ma carrière, mes projets professionnels, je me coupe de ce qui palpite en dedans. Tout ce qui me fait créer des choses à partir du néant.
lu sur le blog murmuration

à chaque fois, j’oublie
à chaque fois, je reviens ici

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Je le dis et le re-écris tant que cela est possible pour déculpabiliser certaines thèses têtes candidates au doctorat, un sujet évolue au gré et malgré toute bonne volonté de cohérence et de ligne droite. Certaines thématiques, angles d’approches, intérêts ou hypothèses de recherche sont tels qu’ils sont à domestiquer sur la durée, comme certains chats. (…)

Faites meute avec des enfants aussi perdus que vous.

Trouvez-vous un coin où tatônner dans le noir.

Gardez en tête la Louve anglaise

qui parlait de ses chambres à soi
dont on a encore besoin au-delà des espaces dont les cloisons se multiplient autour de nos écrans.

Partez de rien, pensez la déconstruction d’un système pour la fabrique du vôtre, trouvez votre ERRANCE FERTILE.
Margot Mellet dans son journal de recherche sur blank.blue

trouvez votre errance fertile

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Instead of crowding your attention with what’s already going viral on the intertubes, focus on the weird stuff. Hunt down the idiosyncratic posts and videos that people are publishing, oftentimes to tiny and niche audiences. It’s decidedly unviral culture — but it’s more likely to plant in your mind the seed of a rare, new idea.

I love the idea of “rewilding your attention”. It puts a name on something I’ve been trying to do for a while now: To stop clicking on the stuff big-tech algorithms push at me.

The metaphor suggests precisely what to do: If you want to have wilder, curiouser thoughts, you have to avoid the industrial monocropping of big-tech feeds. You want an intellectual forest, overgrown with mushrooms and towering weeds and a massive dead log where a family of raccoons has taken up residence.
Clive Thompson

focus on the weird stuff

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(en parlant de Louis De Funès) sa manière de fonctionner, sa mauvaise voix est délicieuse, ses défauts sont délicieux. Les défauts, les défauts des hommes, c’est ce qu’il y a de plus intéressant, c’est de ça qu’il faut parler, de nos défauts. Si on met un couvercle sur nos défauts, on se voile la face. La beauté de l’âme n’est pas très intéressante à représenter, les défauts oui.
Christian Hecq dans le grand atelier sur France Inter

c’est de ça qu’il faut parler, de nos défauts

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Il décrit l’avancée de son œuvre en deux ou trois mots plats. Il fait un croquis pour montrer sur quel bonhomme il travaille, il trace une flèche et il écrit :

jeudi les cuisses et les flancs
vendredi le bras
samedi cette tête de mort qui est sur le côté

C’est un rapport d’activité, ça pourrait être chiant à mourir, mais ça m’a passionné. L’art, c’est aussi ça : abattre du boulot, méticuleusement, jour après jour.
Antonin Crenn dans son journal

l’art c’est aussi ça : abattre du boulot, méticuleusement, jour après jour

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Que la peinture comme l’écriture ne cessent d’agir sur qui nous sommes, ou pensons être. Que peinture et écriture nous modifient. Non pas une image projetée vers un avenir. Mais plutôt à la façon qu’entreprend le sculpteur, en ôtant peu à peu de la matière pour enfin distinguer la forme. Une question importante qui revient régulièrement lorsque je peins, j’écris, c’est est-ce que le tableau ou le texte n’existe pas déjà en amont. Que ces objets, buts, intentions sont là depuis toujours, et que seules la patience et la régularité dans le travail permettent peu à peu de les distinguer.
Patrick Blanchon sur peinturechamanique.blog

seules la patience et la régularité

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Il s’agira, plus exactement, de consacrer 10 minutes (ou moins, bien sûr, mais pas plus !), chaque jour, à rédiger une liste des tâches que nous aurons effectuées, tâches liées à l’écriture et/ou à toute activité rémunérée. Si l’une d’entre nous considère que marcher, nager, cuisiner fait partie de l’écriture, elle l’inscrira dans sa liste.

Chaque jour, nous nous enverrons mutuellement nos listes par mail et je propose que nous programmions ces mails pour qu’ils arrivent à 18h dans nos boîtes respectives, quel que soit le moment où nous avons effectivement écrits, afin de ne pas parasiter nos sommeils respectifs. L’idée est de réussir à écrire et envoyer quotidiennement ses dix minutes.
Anne Savelli dans son semainier du 15 janvier 2023

si l’une d’entre nous considère que marcher, nager, cuisiner fait partie de l’écriture, elle l’inscrira dans sa liste.

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L’écriture, c’est la lutte. Se battre contre ce qu’on sait déjà faire, avancer vers le bancal, le ridicule, le mal foutu, le mal écrit, le mal nommé.
Anne Savelli dans son semainier du 22 janvier 2023

se battre contre ce qu’on sait déjà faire

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Je ne prétends pas avoir de solution, ni même de réponse. Je ne prétends pas non plus savoir comment traiter ces questions dans de la fiction, ni avoir les connaissances ou les compétences pour traiter ces questions de manière efficace. En fait, je ne prétends rien du tout, si ce n’est poser des questions.
Hortense Merisier sur son blog

je ne prétends rien du tout, si ce n’est poser des questions

Deadline

N’oublie pas de dormir, de te coucher tôt. N’oublie pas de respirer. N’oublie pas de manger bien, ni trop, ni trop peu, et des mets variés. Fie-toi aux couleurs pour agencer ton plat, sa diversité. Cueille des mots qui font du bien, te poussent comme le vent te pousse en marchant. Fais-leur une juste place, ne les empêche pas de t’y mettre, qu’ils soient soutien, pas distraction. Bois un dernier café après le déjeuner, réveille tes yeux. N’oublie pas le jeu, la pensée en mouvement. Utilise aussi le papier, le crayon. N’oublie pas de sortir, te promener, quelques minutes au moins, être ailleurs, offrir à ton corps autre chose que les genoux pliés devant l’ordinateur. Tiens bon quand ça vacille. Lâche ce M&M’s. Accroche-toi au travail, au labeur, pas de grandes idées, ni de lourdes méthodes, juste des gestes, hésitants, apprenants, obstinés, des astuces, des petites façons de faire, toujours à revoir, en construction. Prends ton temps mais ne le perds pas. Ne te décourage pas, la montagne n’est qu’une suite de pas. Au début, tu ne sais pas. Et tu y vas. Il n’y a pas d’autre chemin. Tu peux. N’oublie pas.

Le travail en revue #1

Ce billet fait suite à mise au travail #1.

Lundi dernier, j’ai eu cette idée saugrenue de publier mes objectifs de la semaine, dans l’espoir d’augmenter les chances de faire ce que j’ai dit, et dans l’idée de revenir ici, passer en revue les accomplis et les ressentis, traquer les mouvements et les impasses. 

Nous sommes lundi suivant, et à vrai dire, plusieurs sentiments s’emparent de moi. Avant d’entamer ce billet d’abord, un grand doute sur le format, dois-je revenir explicitement sur chacun de mes objectifs, faire des coches ou des croix puis les commenter, ou bien extraire plutôt quelques enseignements saillants de cette semaine ? En relisant les objectifs ensuite, un étonnement, tressé d’embarras : où sont passées mes heures, qu’ai-fait de mon temps, cette liste d’objectifs ne ressemble pas du tout à la semaine que j’ai vécue, dois-je revenir ici me flageller des engagements non tenus ?

Alors, je te demande un peu d’indulgence en me lisant. J’expérimente cet exercice, je cherche, le format évoluera sûrement. 

Une première pensée : le jour n’est pas le bon. Retracer la semaine écoulée le lundi, c’est déborder, empiéter sur la semaine qui démarre, ça tire en arrière et brouille l’envie de regarder maintenant et devant. Je déplacerai peut-être au samedi ou dimanche.

Maintenant, voyons.

tout en même temps : les études, la recherche d’emploi, la consolidation du projet de stage, le début du bénévolat, les envies d’écrire. Je me sens débordée sans l’être vraiment. En vérité, c’est largement faisable, l’enjeu est de trouver un rythme, de redessiner des contours pour me dédier à chaque chose dans un temps net, circonscrit. Retrouver du séquentiel. Un début et une fin. Puis de nouveau, un début et une fin. Cette semaine, tout semblait superposé, entremêlé, avec des heures qui se chevauchent, des tâches entamées, suspendues pour en intégrer d’autres, reprises, décousues. Un sentiment de ne pas arrêter, et pourtant de ne pas avancer. 

la lecture des textes : le plus efficace pour moi, en comparant deux lectures de textes denses et ardus cette semaine, est de faire une première passe en soulignant et en commentant à la marge, d’une traite, puis d’ouvrir un document et noter, assez rapidement, les points problématiques, les questions, les nœuds, ce que j’identifie comme la matière vivante. Ne pas se laisser un temps infini devant soi, choisir une durée, la réduire, et s’y tenir. Utiliser ce sentiment d’être pressé-e pour aller à l’essentiel, être en tension, engagé-e. Pour éviter de barboter, un œil dessus, la tête ailleurs. 

la discussion sur un texte en petit groupe : un tout autre défi, et je sens que ça coince à cet endroit. Pas une prise de conscience nouvelle, mais la récurrence du problème me surprend. J’en suis encore là. Crispée parfois par le flou des conversations, je suis saisie par l’envie de revenir au silence et à l’écrit. Heureusement, ce n’est pas toujours le cas. La discussion du dimanche compense plutôt bien celle du mercredi. Deux différences peut-être, dimanche nous n’avions rien à produire, et ce n’était pas prescrit. Juste discuter, et juste parce qu’on le voulait. Comme j’ai du mal avec ce qu’on m’impose, il y a des choses qui ne changent pas !

la lecture d’un texte en particulier, et d’ouvrages associés, pour une présentation et mise en discussion le mois prochain : je résiste, je refuse de m’y mettre, et je ne comprenais pas bien pourquoi, avant d’écrire ces quelques lignes ici. J’aime l’auteur, le sujet me passionne, ce qui bloque tient plutôt au contexte : l’horizon de parler de cet auteur et de cette méthodologie dans un petit cercle excessivement critique à son encontre. Je dois chercher un positionnement juste, où je ne chercherai pas à défendre, ou à représenter, car ça n’est pas l’objet. 

la marche, ça tient, quotidien. J’aimerais revenir bientôt aux 10 000 pas, et surtout en marchant, quand j’ai le temps, réveiller mon regard et mon attention, oser prendre des photos, me re-fabriquer étrangère à ma ville, avec la patience et l’étonnement des marches en voyage. La même curiosité.

le yoga, pas une fois. Je sais combien ça me fait du bien, je suis nostalgique d’une période assidue où j’en faisais chaque matin, et parfois même entre le job du jour et les cours du soir, le tapis comme un sas. L’habitude est simplement perdue. Ça va revenir, j’y crois.

les pages du matin en utilisant 750words, et le journal le soir, oh oui ça tient. Et ça me tient. Particulièrement la combinaison des deux, aux écritures et aux allures différentes. J’aimerais toutefois revenir aux pages du matin grattées sur papier.

l’écriture : pas de newsletter, pas de billet de blog hormis quelques réels et la publication des choses aimées, que j’adore agencer. Beaucoup de questionnements (pour changer). Le projet du cœur à l’ouvrage, ce que je cherche à y faire, être utile en acceptant de ne pas l’être. L’envie d’un autre blog (en plus, pas à la place de) sur le contenu de mes études, oui mais comment et quand. La pratique des réels, support d’écriture et de regard sur le quotidien, lâcher prise sur les jours pas faits, et surtout veiller à ne pas écrire un réel pour fuir un autre élan, l’écriture d’un billet, et se plaindre ensuite de ne pas avoir le temps de faire les deux. Ne pas faire du réel un prétexte. Ou bien en faire un pré-texte. 

les blogs : la découverte cette semaine de très nombreux blogs, très actifs, et toute cette vie en ligne, hors réseaux sociaux, tous ces coins de web, personnels, vivants, me mettent en joie. Un point d’attention : la bascule entre le moment où ces découvertes m’inspirent et celui où elles m’inhibent, quand je jalouse le style, l’audience, la régularité, tout. 

Aujourd’hui mal

16 janvier 2023 – sur le vif

Aujourd’hui, il fait sombre dans la petite pièce à quinze heures, la lampe du bureau nous éclaire à peine A. et moi. Je tiens le deuxième combiné de la main gauche, le haut parleur à mon oreille, et mon pouce sur le microphone. Qu’on ne sache pas que j’écoute, que je suis là. De la main droite, j’écris des mots, ceux d’A., pesés, choisis, je n’écris pas ses silences, ni le ton de sa voix, importants aussi. J’écris des mots, ceux qui sont dits au bout du fil, du fil à tenir, à tisser tant bien que mal. Qu’il fasse un tout petit peu moins sombre, dans une autre pièce à quinze heures.

Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).

Choses aimées 23-02

La cueillette de la semaine 2 :

It’s really just an online diary that I sent to people. Is that a good idea? Probably not. Am I doing it anyway? Yes.
Annie Mueller sur la page À propos de sa newsletter

Am I doing it anyway ? Yes.

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Etre reconnaissante, malgré l’étonnement, aux lecteurs, mais sans y prêter trop d’importance pour ne pas souffrir de leur absence, il y a tant de choses plus graves.
Brigetoun sur son blog

être reconnaissante, sans y prêter trop d’importance

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All that matters is what lands on the page or the screen, and I don’t see that worrying about not having written yesterday is in any way a help to you writing today. It’s easily the opposite: if you build up this idea that you’re a fraud for not writing every day, I suspect it becomes harder to write any day.
(…)
Because if your failing to write every day means you’re a fraud, then be a fraud. Be very a fraud. All that matters is what ends up on the page and the screen, whatever it takes, however long it takes, whether it’s a daily effort or not.
William Gallagher sur son blog

whatever it takes, however long it takes

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I used to think that I needed a few hours to write a blog post. One day, I decided to limit myself to just one hour. I finished the post in time. Now, an hour is all I need.
(…)
The next time you think you can’t do something, give yourself permission to do it anyway.
Do it in a shorter amount of time than you think is reasonable.
Allow yourself fewer resources than you think you need.
And watch next-level magic happen.
Ozan Varol sur son blog

do it in a shorter amount of time

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Other times, I feel like I’m writing the same thing over and over again. Today, I realised that is the whole point. That is basically my life. Every week it feels like it is playing the same script over and over again while I’m desperately trying to write a new one, yet it feels like my document keeps losing its saves.
And somehow I have to find the will and courage to start all over again.
Winnie Lim sur son blog

the will and courage to start all over again

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Every action has the same value! This is something I needed to be reminded of recently, especially with my February 1st book deadline looming. The efforts that don’t really lead anywhere, that seem wasted—and this is a lot of my efforts in writing—they’re not just somewhat valuable, in their own way, I guess. They’re equally as valuable as the efforts that pay off in a more obvious or straightforward way.
Mason Currey dans sa newsletter

this is something I need to be reminded of

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Et lorsque je viens d’écrire, de retravailler mon chapitre, avec ses pleins et ses creux, avec les fécondités et les stérilités de la réécriture, je porte encore en moi la satisfaction de m’y être remise et la frustration de n’avoir pas trouvé une solution satisfaisante à tel ou tel passage. En marchant, je rumine cette frustration comme une énigme, une équation.
Christie dans son billet “ce que la marche apporte à l’écriture”

comme une énigme, une équation

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« J’ai envie de marcher par les rues. De regarder les visages. J’ai envie de m’offrir ces boots noires remarquées l’autre jour. J’ai envie de rentrer parce que j’ai une furieuse envie d’écrire mes bidules. J’ai envie de dire des sornettes. Faire la cuisine. Inviter. J’ai envie de lire. De rester informée. J’ai envie de dire oui, moi qui ai le non à la bouche. — J’ai envie j’ai envie j’ai envie… »
Anna Urli-Vernenghi  sur son blog

j’ai envie

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J’aime bien me rendre compte d’à quel point l’envie décroit avec le temps. Si je n’écris pas mon cheminement (de pensées) dans la foulée d’une sortie en forêt, je sais que ça n’aura pas lieu. Les émotions du moment s’évanouissent, les anecdotes deviennent fades, les réflexions se noircissent ou se teintent d’une sur-interprétation. Comme si elles n’étaient plus… en vie.
David Larlet sur son blog

en vie

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Des mots et des pas, voilà ce qui est important, pour ce moment, seul, dans la ville.
Karl Dubost sur son blog

des mots et des pas

Aujourd’hui à midi pile

11 janvier 2023 – sur le vif

Aujourd’hui le réel m’invite à regarder l’heure. Je longe le square et sa fontaine, le son de l’eau m’apaise dans le bruit de Paris, il n’est pas encore midi. Je suis dans le métro, une femme porte trois parapluies, un pourquoi me traverse l’esprit, il n’est pas encore midi. Je suis dehors, je marche au soleil inattendu, rues connues, je lève le nez vers cet appartement orné d’une pancarte “vendu”, et quand j’arrive chez moi, il est midi passé. Perdu.

Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).

Aujourd’hui livre posé

10 janvier 2023 – sur le tard

Un livre m’attend. Sur le pouf. Cinq autres m’attendent sur le porte-plantes. Deux autres patientent sur la table de chevet. Ne parlons pas des centaines en sursis dans la billy et sur les étagères. Chaque livre posé attend d’être lu. J’imagine qu’on pourrait faire un film, comme Toy Story, en remplaçant les jouets par des livres et l’enfant devenu grand par n’importe qui souffrant de tsundoku. J’aimerais beaucoup voir les pages de Kafka, Garouste et Levé converser, comploter, échafauder toutes sortes de plans ingénieux pour être enfin tournées. Mais ce ne sont pour l’heure que des livres posés.

Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).

Aujourd’hui tentative de liberté

9 janvier 2023 – sur le vif

Me trotte de plus en plus l’envie d’écrire, ailleurs, sous mon vrai nom, sur ce que j’étudie. Ici, je partage en méta sur mes études, quasi jamais sur ce que j’apprends. Je vois pourtant bien l’utilité d’en parler. Je vois moins bien comment. Et je crains la masse de travail supplémentaire que ça impliquerait. Je m’interroge enfin sur ce cloisonnement des espaces : est-ce viable ? est-ce nécessaire ? J’aime ici mon presque anonymat, la possibilité d’être lue, et de ne pas être lue, de me soustraire au regard des familiers, au devoir-être, au devoir-dire d’une certaine manière, une tentative de liberté. Une tentative, peut-être pas une réussite.

Un texte écrit avec l’amorce des réels à prise rapide (en savoir plus sur cet exercice).

Mise au travail #1

Ce week-end, m’est venue l’idée* de publier ici mes objectifs, et surtout d’y revenir ensuite pour dresser un état des lieux, commenté. Une façon de m’engager, d’augmenter les chances de faire ce qui est dit. Une manière aussi de prendre le temps de regarder comment j’ai fait, ce qui marche et ce qui résiste.

En avril 2022, j’ai entamé un journal d’études audio. Chaque matin, j’ouvrais la fonction dictaphone et partageais mes intentions du jour, et chaque soir, je revenais sur les réalités du jour, l’accompli et les ressentis, les faits et le vécu. Et je publiais, quotidiennement. Soutien solide de mes efforts, ce rituel m’a remis le pied à l’étrier, j’ai formidablement bien travaillé.

Je m’interroge sur la fréquence : publier des objectifs annuels, mensuels, hebdomadaires, journaliers ? Ce matin, la fréquence hebdomadaire me semble appropriée : suffisamment régulière pour créer une tension, un mouvement, suffisamment espacée pour avoir le recul et la matière pour commenter. Je m’autorise la possibilité de changer en cours de route.

Je m’interroge aussi sur la nécessité de thématiser cette publication : faut-il restreindre aux objectifs en lien avec mon projet de formation, avec ma recherche d’emploi, avec le soin de soi, avec les pratiques d’écriture ? Je décide que ça n’aurait pas beaucoup de sens de compartimenter et qu’il vaut mieux que la publication soit le reflet de ces tous azimuts, au risque d’être un peu foutoir.

Enfin, je m’interroge sur l’intérêt que ça peut représenter pour celleux qui me liront. Que vaut cette idée ? Est-ce qu’elle ne sert qu’à moi ? Est-ce que cela peut soutenir les efforts et la réflexion d’autres personnes ? Je ne peux pas savoir avant de le faire. Et ma foi, je me fie à mon propre goût, j’aime lire ce genre de choses ailleurs, j’y trouve une impulsion ou un écho. Ce qui n’est pas rien.

*en découvrant le concept du brag document de l’année (vantardoc) via Fanny Cheung.

Objectifs – 2023, Semaine 2

Études
lire les 40 pages de V., jusqu’ici parcourues en diagonales, noter les points essentiels de chaque section, être capable de les restituer
travailler en profondeur les notes du cours du mardi, identifier tes questions restantes
lire le texte à présenter de C., faire une première passe pour cerner les mouvements du texte, les questions, les difficultés
lire le livre de C.
retranscrire les notes du cours du vendredi
contacter l’administration pour clarifier les possibilités du stage

Recherche emploi
chaque jour candidatures, ne pas y passer plus de 2h

Écriture
envoi d’une newsletter
chaque jour un réel à prise rapide
bonus : chaque jour un billet de blog

Soin de soi
chaque jour yoga
chaque jour marche
chaque jour pages du matin, sur papier ou sur 750words

EDIT du 16 janvier 2023 : retour sur ces objectifs, une semaine plus tard, dans le travail en revue #1

Choses aimées 23-01

La cueillette des choses aimées cette semaine :

Ce poème de Thomas Vinau à lire sur son blog : Premier lundi de janvier

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Un extrait des carnets d’Ingmar Bergman, lu sur le blog nos consolations :

« Accomplir sa tâche, sans chercher à tricher, à tromper ou à se dérober. Quoi qu’il en coûte.
Faire ce à quoi on s’est engagé.
Penser à SDG et agir en conséquence.
On n’a pas besoin d’entreprendre plus que ce dont on est capable.
Apprendre à renoncer, quand le combat est vain. Reconnaître ses défaites.
Ne pas toujours être le meilleur.
Se pardonner, car personne d’autre ne le fera (ou ne se donnera la peine de le faire). »

ce dont on est capable

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Ce tweet de @bastramu : je pense que si j’écris au moins un peu le 1er janvier, il y a de fortes chances pour que j’écrive toute l’année, en tout cas j’ai bien envie d’y croire https://bastramu.wordpress.com/2023/01/01/je-pense-1/

j’ai bien envie d’y croire

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Nicola Barker, citée sur advicetowriters.com

« The work likes to be fluid. Fluidity is joyful — if you are having fun you throw things at the page willy-nilly. Having said that, I generally write something, reread it, read it again, reread, read it out loud, read, reread, congratulate myself, castigate myself. Back and forth x 1,000. Phew. The first paragraph. »

Phew. The first paragraph.

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Entretien avec l’artiste Yumna Al-Arashi sur thecreativeindependent.com
« Do you get creative blocks?

It’s weird. I never get a creative block. Everything I do is always a wormhole for another thing I’m interested in. I read so much. I consume so much literature and I do research. I spend so much time at libraries that it’s impossible that I would run out of any sort of desire to reflect on or create something from what I’m constantly reading or interested in.

I see a lot of my creative friends who are going through creative blocks, and it’s usually more from them being concerned about themselves and not their creativity, or concerned about how the world perceives them and not about actually putting out work based on what you’re doing.»

everything I do is always a wormhole for another thing I’m interested in

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Fanny Cheung à lire sur ynote.hk

« Je n’ai pas d’objectif noble, ni de message à transmettre. J’ai un besoin égoïste de collectionneuse. Peu importe le médium s’il permet de capturer au mieux ce que je sens et ce que je ressens. Je n’ai pas peur des accidents dans mon processus, ils expriment le jeu du hasard dans la vie. Les accepter transforme mon travail en pratique spirituelle. »

je n’ai pas peur des accidents

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Marina Foïs, en parlant d’Eric Lartigau, au micro de Totemic (25’15) :
« Il croit qu’il parle anglais, mais il parle pas du tout anglais et il est complètement décomplexé. Et un jour pour dire « moi, tu sais, je suis toujours un peu dans le brouillard« , il a dit « you know, I’m always on a little frog« . Ça, moi, ça me fait ma journée.”

I’m always on a little frog

Aujourd’hui bleu

J’ai mis le réveil hier soir en pensant je m’y tiendrai, il faut retrouver une organisation, la solidité des journées travaillées, le sens du temps. La douce fierté ce matin d’avoir réussi. Pour autant, se lever ne suffit pas, je traîne une heure radio-café dans la pénombre, le jour enfin se lève et ça suffit. Lumière (bleue). J’écris du journal, j’écris : J’ai beaucoup de choses à faire, beaucoup de retard, par où commencer ? Ai-je besoin d’une todolist ? Peur qu’elle m’effraie. Peut-être malgré tout que cela m’aiderait. Allons bon, je tente, je vais ouvrir leuchtturm – à tes souhaits – pour voir un peu.  Heureusement, le journal est là, et me donne un début. Allons bon, je tente, j’ouvre le carnet (bleu), je tourne la page qui abrite mes quelques vœux, j’inscris la date d’aujourd’hui, je liste écrire, rappeler M., lire C., lire V., postuler (au moins 2), retranscrire l’i., l’e., et l’i.s.. Je relis et je dégraisse. En bas de la page, je note à ne pas faire aujourd’hui, en voilà déjà trois qui peuvent attendre. Et je trace un trait, j’isole, je note 1) job 2) rappeler M., rassemblés d’une accolade auprès de laquelle j’écris le + important, souligné avec conviction. J’encadre les deux élus au stabilo, la force du fluo. Aujourd’hui, deux candidatures envoyées, M. rappelée, et quelques fois vu le ciel (bleu).

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Aujourd’hui résolutions révolutions

1er janvier 2023 – sur le vif

Aujourd’hui, les petits yeux après une nuit plutôt infernale, que je range volontiers derrière moi, dans les pires souvenirs d’avant 2023. Résolution prise au coucher, au réveil : désormais, je prends les devants, j’organise, je propose, j’invite, je concocte de bons moments, et ne dis plus oui à tout bout de champ, mue par la peur d’être rabat-joie. Je crée ma joie, je n’attends pas. Les petits yeux et le corps pâteux, j’envoie des whatsapp et j’en reçois. Cœur. Cœur. Cœur. Je joue le jeu, je reste là. Je veux marcher, un peu, faire quelques pas, démarrer l’année comme ça : 1 kilomètre 2. Un tour du quartier pour revenir au point de départ : chez soi. Si ça tient toute l’année, chaque jour écrire, marcher, ce sera une révolution.

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