“I wonder what is the point of saying anything at all.
However, simultaneously, this wondering is mixed with the need to say everything right now—otherwise it will be too late.”
Ithaka
the need to say everything right now
otherwise it will be too late
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“Une des choses qui nous permet d’être vivant et de survivre à ce qui nous arrive est la capacité de mettre ce qui nous arrive en récit. La souffrance et le chaos. Et ce qui nous apprend à nous mettre en récit, c’est lire. Parce que vous fonctionnez par imitation. Si vous avez les mots, beaucoup de mots, les phrases, les structures d’histoires, vous allez faire votre histoire, la compléter et l’enrichir, au fur et à mesure, de tout d’ailleurs, de vos lectures et de tout ce qui se va se passer dans l’existence. Et ça, vous l’apprenez en lisant.”
Marie Desplechin dans le podcast Bookmakers
mettre ce qui nous arrive en récit
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“Tout un livre peut provenir d’un seul mot brisé. Le mot est fermé, enveloppé, secret, enfoui : quelque chose doit apparaître de dedans — de l’intérieur du mot et pas du tout de l’intérieur de l’écrivain. Les mots en savent beaucoup plus que nous — mais il faut les prendre avec amour entre ses mains et les porter à son oreille. Les mots sont au sol, incompréhensibles et comme des noyaux. Je les ramasse, j’écoute dedans ; je les brise : apparaît une phrase, une scène, toute la construction respiratoire du livre.”
Valère Novarina, Devant la parole, Le débat avec l’espace (Éditions P.O.L, 1999) cité sur Jardin d’ombres
les mots en savent beaucoup plus que nous
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“Une promenade sur le lac est prévue la semaine prochaine, voilà qui tombe bien. Pour écrire, nous avons besoin de matérialité, de sensations concrètes, même à avoir tendance à l’oublier, à faire comme si tout venait de soi, comme s’il fallait tout y puiser. Je sais que ces visites au lac sont rares, que c’est une chance — tout comme, pour moi, cette exploration sonore des ateliers des CAP. Tout accueil, pour l’écriture, est une chance.”
Semainier d’Anne Savelli
pour écrire, nous avons besoin de matérialité
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M’attarder parmi les dormeurs ? Si parmi les dormeurs, j’inclus les sédentaires et les flemmards, voilà une préoccupation qui me taraude beaucoup. En quittant le village, j’éprouve vivement la présence de ces deux forces contradictoires : l’envie de marcher et l’appel du foyer. Quand une partie de moi rêve d’aventure, une autre traîne les pieds.
Je crois que cette force qui retient nos envies d’aventure de la même manière que la gravité empêche une fusée de décoller porte un nom : la domestication.
(…)
ce double phénomène qui consiste d’un côté à construire son petit nid douillet, et de l’autre à s’y asservir – à en devenir, littéralement, le domestique. Combien de temps passe-t-on à entretenir nos appartements plutôt qu’à cultiver notre jardin intime ? N’y a-t-il pas, dans la frénésie que nous avons à rajeunir sans cesse nos intérieurs, comme une envie de compenser un vieillissement qui nous échappe ?Un voyage d’hiver
l’envie de marcher et l’appel du foyer
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toucher
à sa fin
vie et mort on ne voit pas bien
laquelle s’accroche à l’autre
comme un lierre
on n’a pas grand-chose à dire
là-dessus même si
on parle pour ne pas laisser
toute la place à la peur
la nuit
Poème d’Antoine Emaz
ne pas laisser toute la place à la peur
la nuit
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“La poésie, késako ?
Et si elle était un passage secret parfois raccourci, parfois détour pour apprendre à se perdre ?”
Thomas Vinau
apprendre à se perdre