aucun langage

la nuit qui tombe sur la mer
personne ne peut parler

en un sens
c’est plus profond

aucun langage
ne sortira inchangé

on ne nous apprend pas
à appeler les choses
en présence
par leur nom

on se souviendra
sans doute
du silence

de la nuit qui tombe
sur d’autres mots

//

poème presque fondu à partir des pages 30 et 31 d’un livre universitaire

La peur d’imaginer

la peur
d’imaginer
sa propre vie
à contre-courant
comme un champ de ruines,
un roman

j’avais commencé
j’étais bien décidé

le samedi suivant
je n’avais pas la moindre idée

besoin de silence


Caviardage à partir de Philippe Lançon, Le lambeau (pages 30 et 31, Éditions Gallimard, Collection Folio)

Discerner la pluie

discerner la pluie
brusquement

tout près
tout autour

des larmes miniatures
des larmes effacées
d’une main sûre

on aurait dit une présence
sans importance

un visage brodé
sans détails

des souvenirs 
sans signature
gommés d’une main sûre


Poème fondu d’après Emily Ruskovich, Idaho (pages 30 et 31)

Candide

Que faire de notre vulnérabilité ?
Qu’est-ce que la littérature ?
Qu’est-ce que la philosophie antique ?
La méthode, comment l’acquérir, comment l’enseigner ?
Etes-vous indispensable ?
Aimez-vous Brahms…
Toutes les réponses aux questions que vous ne vous êtes jamais posées


Poème de titres, c’est-à-dire réalisé avec les titres de livres de ma bibliothèque.

Ils ont tous raison

Ils ont tous raison
Vivre fatigue

Comment vivre
Comme par magie
Comme un roman
D’autres vies que la mienne

Courir les rues. Battre la campagne. Fendre les flots

Vivre de paysage
Maintenant
Loin de tous rivages


Poème de titres, c’est-à-dire réalisé avec les titres de livres de ma bibliothèque.

toutes ces voix

toutes ces voix
que nous n’écoutions pas

je peux entendre la foule
le tonnerre
et la musique

la voici, la musique

je peux trembler debout
dans l’air brûlé
qui s’élève sans fin

cruel staccato

toutes ces voix 
que nous n’écoutions pas

tu te souviendras


Poème fondu d’après les pages 30 et 31 d’un livre…dont je ne me souviens plus !

Si le monde est devenu une habitude

si le monde est devenu une habitude,
marque un temps d’arrêt

comme si tu te réveillais
reste planté là
reste jusqu’à toi

tombe
rampe
renverse-toi
des centaines de fois

nous ne savons même pas
si la vie est possible
si la vie est peuplée

peu importe finalement
que l’étrange arrive
ou que la joie se livre

demande-toi
si le monde est devenu
une habitude


Poème fondu d’après Le monde de Sophie, de Jostein Gaarder (pages 30 et 31)

Tous les jours

Tous les jours
pendant plusieurs années
j’ai décidé de créer.

Bientôt, ailleurs.
Dans quelques mois.
Dans un quart d’heure.
Quand j’habiterai ici, ou là.

J’ai dit :
Juste après,
je m’y mets.

J’ai résisté au travail et au mouvement
agrandi les failles, squatté le temps,
cherché l’éclat, lutté ici et là.
J’ai joué d’autres épopées.

Tous les jours,
Pendant toutes ces années,
j’ai fait le choix de ne pas créer.


Poème fondu à partir de Contrées, histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa (Collectif Mauvaise Troupe)