« Catherine Grenier : Commençons au tout début. Quel est le premier dessin que vous ayez fait dont vous vous souvenez?
Gérard Garouste : Le premier dessin dont je suis fier, c’est un avion dessiné en perspective. À l’école, j’ai eu des handicaps : je suis dyslexique et ça m’a toujours posé des problèmes vis-à-vis de mes études. Faire une addition, une division, m’angoissait terriblement. Mes parents s’inquiétaient de mon niveau d’intelligence, mais les maîtresses d’école leur disaient : « Non, je vous assure, il est intelligent, mais il est toujours dans la lune. » La seule chose qui me faisait exister par rapport à la maîtresse et à mes copains, c’était le dessin. Tous les enfants dessinent, mais je dessinais plus qu’eux, parce que pour moi c’était une question de survie. Le dessin me permettait d’avoir une identité. Eux, ils avaient des bonnes notes ; moi, j’existais par la qualité de mes dessins, donc je faisais plus d’efforts. Je ne crois pas du tout au don, c’est plutôt comme quelqu’un qui se noie et qui bouge les bras pour flotter. Pour moi, le dessin c’était ça et c’est le début de tout, car toute ma vie est basée là-dessus. »
Vraiment peindre, Gérard Garouste avec Catherine Grenier, Editions du Seuil, 2021
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Incipit d’une lecture en cours, sur une idée de la Bibliothèque Roz