Je m’y remets. J’attrape le tapis violet à portée de main, coincé entre le lit et le bureau. Je le déroule d’un grand geste en travers du salon. Le voici en place, il m’attend, il m’accueille. Je m’y mets, j’y suis.
Cela fait des mois que je n’ai pas fait de yoga. Pendant les confinements, j’avais pris l’habitude d’en faire chaque jour, le matin, grâce au temps gagné sur les transports pour aller travailler, et grâce à la chaîne Yoga with Adriene. J’avais senti mon corps changer, progressivement, délicatement. Un peu plus de souplesse, un sentiment de tonicité et de confiance, un sourire, un confort dans l’inconfort. Il m’arrivait d’en faire deux fois par jour. Puis de temps en temps seulement, puis…plus du tout.
Aujourd’hui, je m’y remets. Et tout tire ! Ma nuque, mes poignets, mes jambes, mes chevilles, mes cuisses. Ça tire, ça pique, et je m’étonne de chaque mouvement. Mon corps redécouvre ses contours et ses capacités. Je m’éprouve. Avec amusement, curiosité.
Et finalement, le jugement reste au bord du tapis. Il n’y a pas de place pour lui et moi. La pratique me protège des pensées les plus dures à mon égard. Je fais, je m’y remets, je suis là. Peu importe la perte d’aisance, la maladresse, le souffle court. Je rencontre mes limites, mon moi d’aujourd’hui, en l’état, et cela suffit à balayer loin les regrets, la nostalgie d’un autre corps et d’autres habitudes.
Oui, la pratique protège, chasse le jugement et choisit la joie.
Je m’y remets. Je m’éprouve. Dans l’effort, le mouvement, l’étonnement.
Et toi, y a-t-il une chose que tu n’as pas fait depuis longtemps et que tu pourrais refaire aujourd’hui ?
Une réflexion sur « Je m’y remets »