Aujourd’hui pensée parasite

Je charge sur le site d’anciens contenus, je les relis et les relie entre eux. Au début, jaillit la joie de les retrouver, la fierté même parfois. Puis, une petite pensée familière s’invite, et traîne avec elle son cortège de pensées parasites. Ça ne sert à rien, personne n’a besoin de lire çaTu ne seras jamais capable de t’y remettre, d’écrire autant, aussi régulièrementEt tu ne sais même pas ce que tu veux faire, de quoi tu veux parler. Tiens, précisément, de cela. Finalement, il n’y a que des échos.

Aujourd’hui oreilles

Dans mes oreilles aujourd’hui, la voix comme une amie de Flavia Coelho au micro de Boomerang, les crissements de sa guitare quand elle reprend “La vie ne vaut rien”, et ce son délicieux quand elle entonne ravis, ravis de donner leur avis sur la vie.

Dans mes oreilles aujourd’hui, les mots de Joseph Pontus lus par carnetdemarseille.com :Tirer tracter trier porter soulever peser ranger / (…) / Et l’usine /Quand tu en sors /Tu ne sais pas si tu rejoins le vrai monde ou si tu le quittes

Dans mes oreilles aujourd’hui, la délégation ukrainienne défile aux Jeux Paralympiques d’hiver, par la radio, les échos du stade, l’orchestre de la cérémonie, et le silence j’imagine aussi.

Fragment d’aujourd’hui raconté en statistique

Aujourd’hui, Georges Perec est mort depuis 40 ans. Dans un entretien publié par Le Nouvel Observateur le 15 décembre 1965, il dit “essayer de comprendre comment le monde nous parle”. Dans un texte confié au Figaro en 1978, il dit : “je crois plutôt trouver — et prouver — mon mouvement en marchant”, il dit aussi : “je me comparerais plutôt à un paysan qui cultiverait plusieurs champs ; dans l’un il ferait des betteraves, dans un autre de la luzerne, dans un, troisième du maïs, etc. “. Mots lus aimés de Georges Perec : 100%. 


Aujourd’hui difficile de

Aujourd’hui difficile de.  Aujourd’hui difficile de parler. Aujourd’hui difficile de parler de moi. Aujourd’hui difficile de parler de moi, quand on me lance “et toi, comment ça va ?”. Aujourd’hui difficile de parler de moi quand on me lance “et toi comment ça va ?”, j’aimerais mieux continuer d’écouter, d’interroger, de m’étonner, de rire avec, de tête-hocher, de sourcil-froncer, d’yeux-écarquiller, d’arpenter ces ailleurs familiers, de vivre dans les plis de ce qu’on me dit.

Aujourd’hui un compliment

Aujourd’hui un compliment. C’est l’anniversaire d’A. que je connais depuis bientôt vingt ans. A., merveilleusement sensible au monde et aux gens. Je ne sais pas dire autrement, cette fois-ci. Chaque année, pour chaque personne, creuser dans les mots des manières de dire merci d’être toi, merci d’être ici. Et envoyer. Créer un petit paysage de ce qu’on voit. Un compliment, délicatement fabriqué avec des bouts d’avant, des bouts de l’autre, des bouts de soi, comme une cabane à habiter les jours de pluie, les jours sans voix.

Aujourd’hui froid

Aujourd’hui froid. Clope du café, clope du réveil, clope à répétition pour repousser le moment de démarrer la journée. Clope prise dans l’interstice de la baie vitrée, le froid du jour se pose sur mes doigts et me donne envie, encore plus, de recroqueviller tout mon corps chez moi. Le soleil droit ne suffit pas à effacer le froid, le soleil ne suffit pas. Froid des échanges whatsapp, froid des échanges mail, froid des absences de réponse, froid des réponses sans courtoisie. Cherche chaleur. Froid au dedans des sentiments. Froid des fantômes du temps.