Aujourd’hui un compliment. C’est l’anniversaire d’A. que je connais depuis bientôt vingt ans. A., merveilleusement sensible au monde et aux gens. Je ne sais pas dire autrement, cette fois-ci. Chaque année, pour chaque personne, creuser dans les mots des manières de dire merci d’être toi, merci d’être ici. Et envoyer. Créer un petit paysage de ce qu’on voit. Un compliment, délicatement fabriqué avec des bouts d’avant, des bouts de l’autre, des bouts de soi, comme une cabane à habiter les jours de pluie, les jours sans voix.
Étiquette : contraintes d’écriture
Aujourd’hui froid
Aujourd’hui froid. Clope du café, clope du réveil, clope à répétition pour repousser le moment de démarrer la journée. Clope prise dans l’interstice de la baie vitrée, le froid du jour se pose sur mes doigts et me donne envie, encore plus, de recroqueviller tout mon corps chez moi. Le soleil droit ne suffit pas à effacer le froid, le soleil ne suffit pas. Froid des échanges whatsapp, froid des échanges mail, froid des absences de réponse, froid des réponses sans courtoisie. Cherche chaleur. Froid au dedans des sentiments. Froid des fantômes du temps.
La peur d’imaginer
la peur
d’imaginer
sa propre vie
à contre-courant
comme un champ de ruines,
un roman
j’avais commencé
j’étais bien décidé
le samedi suivant
je n’avais pas la moindre idée
besoin de silence
Caviardage à partir de Philippe Lançon, Le lambeau (pages 30 et 31, Éditions Gallimard, Collection Folio)
Discerner la pluie
discerner la pluie
brusquement
tout près
tout autour
des larmes miniatures
des larmes effacées
d’une main sûre
on aurait dit une présence
sans importance
un visage brodé
sans détails
des souvenirs
sans signature
gommés d’une main sûre
Poème fondu d’après Emily Ruskovich, Idaho (pages 30 et 31)
Point de chagrin
je ne sais quoi
de perdu
parmi la vie
du courage
de l’amour
de l’espoir
je sais que
c’est le moment
de continuer
point de chagrin
écoute
le coeur
tourner
comme un cheval de cirque
écoute
le coeur
le soir
parmi les tournesols
Poème fondu d’après les pages 30 et 31 de Fabrice Caro, Le discours
Méharées
Les mots
Les irremplaçables
Rendez-vous nomades
Dans le nu de la vie
Poème de titres, c’est-à-dire réalisé avec les titres de livres de ma bibliothèque.
Candide
Que faire de notre vulnérabilité ?
Qu’est-ce que la littérature ?
Qu’est-ce que la philosophie antique ?
La méthode, comment l’acquérir, comment l’enseigner ?
Etes-vous indispensable ?
Aimez-vous Brahms…
Toutes les réponses aux questions que vous ne vous êtes jamais posées
Poème de titres, c’est-à-dire réalisé avec les titres de livres de ma bibliothèque.
Ils ont tous raison
Ils ont tous raison
Vivre fatigue
Comment vivre
Comme par magie
Comme un roman
D’autres vies que la mienne
Courir les rues. Battre la campagne. Fendre les flots
Vivre de paysage
Maintenant
Loin de tous rivages
Poème de titres, c’est-à-dire réalisé avec les titres de livres de ma bibliothèque.
Se parler
se parler
de profil
dans un café trop calme
se montrer
la ville
tout en proie sans flammes
se dire
un doute
un désir
incendie
un plaisir impatient
ces jours-là
de ma vie
à voyager presque avec lui
Poème fondu d’après Marguerite Duras, Le Marin de Gibraltar (pages 30 et 31)
toutes ces voix
toutes ces voix
que nous n’écoutions pas
je peux entendre la foule
le tonnerre
et la musique
la voici, la musique
je peux trembler debout
dans l’air brûlé
qui s’élève sans fin
cruel staccato
toutes ces voix
que nous n’écoutions pas
tu te souviendras
Poème fondu d’après les pages 30 et 31 d’un livre…dont je ne me souviens plus !
Si le monde est devenu une habitude
si le monde est devenu une habitude,
marque un temps d’arrêt
comme si tu te réveillais
reste planté là
reste jusqu’à toi
tombe
rampe
renverse-toi
des centaines de fois
nous ne savons même pas
si la vie est possible
si la vie est peuplée
peu importe finalement
que l’étrange arrive
ou que la joie se livre
demande-toi
si le monde est devenu
une habitude
Poème fondu d’après Le monde de Sophie, de Jostein Gaarder (pages 30 et 31)
Tous les jours
Tous les jours
pendant plusieurs années
j’ai décidé de créer.
Bientôt, ailleurs.
Dans quelques mois.
Dans un quart d’heure.
Quand j’habiterai ici, ou là.
J’ai dit :
Juste après,
je m’y mets.
J’ai résisté au travail et au mouvement
agrandi les failles, squatté le temps,
cherché l’éclat, lutté ici et là.
J’ai joué d’autres épopées.
Tous les jours,
Pendant toutes ces années,
j’ai fait le choix de ne pas créer.
Poème fondu à partir de Contrées, histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa (Collectif Mauvaise Troupe)