j’imagine la même douceur
un ciel d’été
ça me revient
un ciel sans doute
superbe
un ciel
parmi la peine
—
Poème fondu à partir des pages 28 et 29 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
j’imagine la même douceur
un ciel d’été
ça me revient
un ciel sans doute
superbe
un ciel
parmi la peine
—
Poème fondu à partir des pages 28 et 29 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
me reposer comme je le pouvais
par le temps
de petites rues ensoleillées
de visages tristes
calmes et heureux
je me dépêche
en avançant de mon
pas
aux fausses allures
de paix
de gravité
je porte seule
ma peau
sur moi
je mets
du ciel
entre mes mains
en sachant que
rien
—
Poème fondu à partir des pages 26 et 27 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
c’était moi,
pendant de courts instants
sourde, aveugle et folle,
la mémoire en fracas,
comprenez, le sens perdu, ruiné
une chose
peut s’effacer
je me pardonne
je me pardonne
ma vie
la plupart du temps
—
Poème fondu à partir des pages 22 et 23 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
avoir une ma
la bonne
la mauvaise
dire ma
celle qui me donna
le jour
la tête
les jambes
les pieds
les râles ont débuté
dans la deuxième
non troisième semaine de juin
tu te rappelles, je me rappelais
tu te rappelles, je me rappelais
c’était tout comme
l’acharnement du soleil
nos minuits en clarté
je l’appelais
ma tête crachait
son nom
son nom
je ne m’en sers plus
râles suspendus
entre tous
j’ai enterré ma
le jour
la tête
les jambes
les pieds
nos minuits le midi
ce n’est pas se reposer
il faudrait récrire tout cela
dire ma
d’avoir une ma
je restais
muette
avec une syllabe sur les bras
—
Poème fondu à partir des pages 20 et 21 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
– je ne dis pas
je dis
le peu nuit
– quoi faire, ni où aller
la fatigue, les affres, une voix
– ce que ça veut dire
tous ces bruits
– ce qui s’y passait
entre deux soleils
– ce que ça veut dire
parler, au loin, trembler
comme un bruit de tonnerre
empêché
ce qui reste
en vain peut-être
de tous les murmures
les sommeils
la terre
voire l’aube des petits sentiers
mais je ne serai pas toujours
cette nuit lointaine
cette nuit-là
démesurée
_
Poème fondu à partir des pages 18 et 19 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
fermer les yeux
savoir où l’on va
mais je ne sais pas
je confonds les pôles
le soleil et la nuit
mes mouvements
et la masse du rocher
je me repose
c’est un petit commencement
une façon elliptique de parler
Poème fondu à partir des pages 24 et 25 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
je voulais
je voulais vouloir
me lever
je ne suis pas joli à voir
le ciel recommençait
la chose malgré
alors voilà
dans un instant
je parlerai
entre mes remparts
et la poussière
dans mes bras
plus j’y songe
ces sables
sans visage
non
je ne peux pas
je suis capable
je le crois
je n’avais pas
souffert
je n’avais qu’à
le vouloir
Poème fondu à partir des pages 14 et 15 de Molloy de Samuel Beckett (Les Éditions de Minuit, 1951/1982)
je voudrais conjuguer
quelques
verbes
au futur,
me bercer
de promesses
parées de certitudes
travailler la patience
et
le clair
du chaos,
créer fragile
encore nous recommence
N’emportez
rien. Laissez ici les voix crues, le poids de
vos
orages. Ne
prenez rien
d’autre
qu’un visage.
on se
pose invincibles et tout est emporté les chaises les
corps
on se
pose invincibles
et la
musique se tait
me regarde
d’un air. me sens toute viande toute
chair.
des siècles
s’abattent
sur moi
un à un.
un arbre
mort est un arbre, une maison vide
est
une maison
et quand
je disparais
j’existe encore
chaque fois
t’oublies – les rues les arbres les
mains,
le silence
des lueurs –
ce qui
sauve : presque rien