D’essayer vraiment

Toute la journée, au boulot, j’ai pensé ce soir ce soir je pourrai lire, écrire, transcrire. vivement ! patience !

Me voilà rentrée et je n’ai plus envie de rien. Sauf peut-être manger des granolas. J’allume quelques lampes dans l’appart tout gris, et je m’enfouis dans le plaid et l’oubli. Alors que je veux taper sur mon clavier pour chercher un abri avec du son et des images, un film, une série, quelque chose de familier que je pourrais voir sans regarder, je sens mes mains trembler. Légèrement. Est-ce que c’est le froid ? Ou est-ce que ce sont les milliers de CTRL+C, CTRL+V, CTRL+S, clic gauche, clic droit, qui ont eu raison de mes doigts ? J’ai des centaines de lignes excel dans les yeux, elles défilent blanches, vertes, inarrêtables, infatigables, elles m’attendent, car je reviens demain.

Hébétée.
Abrutie.
Me voilà bien.

Il me faut un peu de temps, 2 décas et 3 granolas, pour me rappeler.
Ce que je voulais publier. Et comme ça tombe à pic.

Aujourd’hui, je voulais dire quelque chose de très simple. Récemment, je chouinais intérieurement à propos du cœur à l’ouvrage, chépa quoi faire, chépa quoi écrire, la newsletter, le blog, et à quoi bon après tout, et pfiou, et ça vient pas, etc.- un moment rare, car je ne suis bien sûr d’ordinaire et de la tête aux pieds, que joie, bonheur, félicité.

Et je me suis regardée, droit dans ma mauvaise foi : mais oh qu’est-ce que tu fais concrètement ? est-ce que tu essaies vraiment ? quel temps, quelle énergie, quel effort, quel soin tu y mets ?
La réponse devait se trouver à la pointe de mes souliers car c’est là que mes yeux, rendus à l’évidence, se sont baissés.
Je n’essaie pas.
Je ne m’y investis pas.
J’attends que ça me tombe dessus. La bonne idée, la bonne phrase, la cohérence, la grâce, la régularité.
Je viens, je vois que rien ne me tombe dessus, je repars.
Je n’essaie pas vraiment.
Je n’ai pas vraiment essayé.

Mon temps, mon énergie, mes efforts, j’ai choisi de les mettre ailleurs.
J’ai pensé que cet endroit devrait se faire tout seul, s’offrir à moi, clé en main, charmante demeure où poser mes fesses et manger tranquillement des granolas, où des centaines de lignes de texte défileraient inarrêtables, infatigables, sans y mettre une goutte d’ardeur, où les mots, les idées n’auraient qu’à se CTRL+C, CTRL+V depuis la source magique de ma créativité.
Fondée sur un pareil postulat, autant dire que la charmante demeure se transforme vite en maison-témoin.

Oui, la vie est super simple parfois.
Quand tu n’essaies pas, il se passe rien.

Alors ce soir, quand je me suis entendue, un biscuit craquant sous la dent, dire que je n’avais plus envie de rien, pas même d’écrire, je me suis rappelée que ça se jouait là, exactement là. C’est à ce moment précis où tu as une super excuse, la fatigue d’une journée abrutissante, et aucune obligation de le faire, qu’écrire est la seule chose à faire. Et ça ressemblerait à ça d’essayer vraiment.

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