À pied, à vélo, aux heures libres, s’enivrer des champs d’agrumes, buffles d’eau, paysage obsédant, règne vert, pics de karst dressés vers le ciel voilé, plongés dans le fleuve miroir. Jour après jour de l’étrange au familier.Parler de gestes et de regards. Guangxi #EspacesCompris
En plein Paris, plein soleil, dans un silence un choc un printemps, nos corps retrouvés, mon cœur perdu, au milieu des jeux des arbres frémissants, brouhaha, ma nuque et ton baiser, deux mois avant la fin de toi, de ton visage de tes mains et des soleils parisiens. #EspacesCompris
Aujourd’hui je m’y tiens. Un projet, un seul : étudier. Je m’y remets sans mal, et à peine le choix fait, la passion revient. Je laisse les bribes d’écriture de côté. Je laisse les autres projets en sourdine exister. Sous les arbres, je vois soudain comme ces projets sont familiers. En psychologie, comme en écriture, tout devient matière, à sentir, penser, travailler. En psychologie, comme en écriture, cette même question comme une rengaine : qu’est-ce qu’on en fait ? Créer du possible, de nos impossibles, de nos silences, de nos impasses, de nos inachevés.
Aujourd’hui la sécurité c’est tenir fermement mes clés en arrivant dans le local poubelles, prête à les planter dans l’œil de tout individu malfaisant qui surgirait. Personne n’a surgi, j’ai continué de serrer mes clés en remontant.
Aujourd’hui la sécurité c’est employer des mots plutôt délicats et littéraires pour masquer le fait que j’ignore à peu près tout du sujet dont on parle dans cette réunion. Personne n’a remarqué, j’ai continué de sourire en écoutant.
Aujourd’hui la sécurité c’est être désignée personne de confiance par celui qui va subir une petite intervention, et par ce signe-là, se sentir aimée. Personne de confiance, j’ai continué d’y penser toute la journée.
D’un coup la lumière est tombée, suivie de quelques gouttes. Franches, nettes, menaçantes. Le tonnerre n’a pas tardé, suivi de grands éclairs, juste au-dessus de nos têtes. L’orage en ville vu d’un fauteuil, d’une fenêtre. À la fascination se mêlent un frisson ancestral, une peur lointaine, animale, ce sentiment d’être une bête. Minuscule, vulnérable, à l’affût du fracas, car on ne sait pas de quoi la terre est capable. Me vient ce mot en anglais, puisque le réel en réclame un : awe, sentiment d’admiration mêlé de crainte, terreur, émerveillement. Je jette un œil sur wikipédia. La page est illustrée d’un orage.
Ça va durer combien de temps ? La jalousie, les comparaisons, Les alibis, les excuses en carton ? Quand vas-tu arrêter de faire l’enfant ? Jamais si c’est grâce à ça aussi que durent les rires, les rêves, le beau, le bon
Tu plaisantes ? C’est sans doute la toute première question qu’on me posera si je gagne aujourd’hui. 13 millions, moi qui ne joue jamais, sauf un astro poissons une fois par an. Qu’est-ce que tu comptes en faire ? sera sans doute la deuxième. J’y ai pensé d’un trait avec des euros casino dans les yeux. Très vite défilent trains, cargos, houle et roulis, paysages, et tracent un immense sourire sur mon visage. Pas très original. Heureusement que je n’ai pas gagné, je n’aurai pas à me soucier de l’originalité des toutes premières réponses à donner.
Le lieu de ma plus grande peur ? Un lieu, un seul ? À 30000 pieds du sol, mains moites sur l’accoudoir, carlingue cercueil des pires cauchemars. À 7 mètres sous terre, tunnel traquenard, foule et mains moites sur la barre. Ma plus grande peur : un lieu, un seul. #EspacesCompris
Inquiète Pas en paix, pas en place Cherche réconfort, sas et vestibule, Où patienter, m’impatienter, m’attendrir Toujours un hier, un demain Hante, tourmente, ravit l’aujourd’hui La belle inquiétude, entre les songes et le qui-vive La belle inquiétude, absente et attentive Prête à tout moment Jamais disponible pour autant La belle inquiétude réclame des mots et du silence De place et du temps Car n’est-ce pas là que tout commence ?
Comment arrêter de procrastiner ? Comment faire pour réviser, étudier, écrire, travailler ? Réponse horripilante : faites-le, c’est tout. Dans cet esprit, voici un mode d’emploi ou tuto de la plus haute sophistication, à lire attentivement, à exécuter avec précaution, chaque étape compte, l’ordre aussi. Rédigé pour des révisions, quelques ajustements de votre cru – très peu – sont à prévoir pour d’autres réjouissances telles que : faire votre comptabilité, votre ménage,votre CV, vos triple saltos, votre cinquième roman. Faites-le, c’est tout.
S’asseoir, à son bureau, table à manger, toute surface plane. Déplier le bras. Tendre le bras. Attraper le livre qui attend. Le rapprocher de soi. Laisser la couverture nous dévisager. Nous occuper. Nous appeler. Détourner le regard. Tenter d’y échapper. Continuer de scroller. Papillonner. D’onglets en onglets. Du coin de l’oeil. Surveiller le livre. Toujours là. Ouvrir le livre à la page désirée. Coincer le livre de sorte qu’il tienne ouvert. Sentir le moment se rapprocher. Le point de non retour. Fermer un onglet. Un deuxième. Expirer. Boire un peau d’eau. Souffler, soupirer dramatiquement. En faire trop. Se traiter de feignasse. Se demander pardon. Se redresser. Trouver une assise acceptable. Inspirer. Passer la main sur ses yeux, son front. Avec douceur, soutien. Croiser les bras. S’enlacer, se tenir fort, par les omoplates. Inspirer. Expirer. Tourner la tête dans un sens. Puis dans l’autre. Éteindre radio, vidéo, musique, réseaux sociaux. Prêter l’oreille aux autres sons. Eboueurs, voitures, église, enfants, petits oiseaux. Sentir ici, maintenant, que ça peut commencer. Ouvrir le document pour écrire, prendre vos notes, travailler. Placer le curseur au bon endroit. Fermer les derniers onglets récalcitrants. Boire un peu d’eau. Se redresser. Ignorer la peur. Ignorer la flemme. Commencer petit. Commencer un peu. Lancer un chrono de 25 minutes. Pomodoro. Petite tranche de temps. Zut craquer au dernier moment. Ouvrir un mail. Le lire. Repousser de quelques secondes encore. Allez allez. Cette fois c’est bon. Plonger Lire quelques lignes Taper quelques mots Raccrocher les wagons S’enlacer, se tenir fort Se dire que c’est possible Puisque ça y est nous sommes lancé·e·s
Temps merveilleux, idéal pour buller au bord de l’eau, quelque part en France où sentir des pins ou du chèvrefeuille, déjeuner d’une tomate basilic, se laisser bercer par les heures et le vent. Mais il faut travailler, rester à Paris, devant l’écran, ouvrir le livre et continuer, envier le soleil par la fenêtre, repousser les douces rêveries, la tentation de prendre un sac à dos et un aller simple vers un ailleurs au goût d’été. IL FAUT l’écrire en grand car en petit, aujourd’hui, ça ne marche pas.
De retour d’une semaine à la campagne, où j’ai travaillé quelques heures, par-ci par-là, au milieu des souvenirs et des oiseaux chantants…
Suivie d’un week-end de mariage, où j’ai aussi peu dormi et autant ri autant bu qu’à 22 ans…
Il est temps de remettre sur pied mon quotidien, mon appartement, un plan de travail, un jour après l’autre.
J’ai parfois du mal avec les coupures, même petites. Le temps a pris une autre forme, mon corps d’autres habitudes, il faut revenir, ici, maintenant, regarder devant. Reconstituer, raccommoder, les rituels, les évidences. D’autres choses ont pris de la place, beaucoup de place, c’est comme s’il fallait les pousser, les repousser, pour pouvoir continuer. Refaire sentier.
Évidemment, ça ne marche pas comme ça. Forêt dense.
Tambourinent en boucle des questions sur la petite maison, ce qu’on en fera, qui l’habitera, qui paiera une conversation dans la nuit noire et froide, dans mon silence et quelques larmes l’amour les bons petits plats le bord de la rivière avec mes neveux et mes bouquins les chansons à pied la cueillette du 1er mai l’attente sur le quai, petite pancarte tracée à la hâte, la joie les pages du matin griffonnées en pleine journée quand il a fallu trouver de la force, en déposant, quelque part, ce qui débordait le travail mal assise, mal installée les rires, les câlins, les chassés-croisés le retour à 160km/h sur l’autoroute et les mains moites, ne pas oser dire un peu moins vite, revoir des bâtiments, des gens, du bruit, des sourcils froncés, comment fait-on toute l’année l’étrangeté de l’appartement, à la fois si vide et trop chargé s’apprêter, mariage en vue les rires, les rires tellement la complicité faire rire, bonheur oublié le faire rire et se rappeler l’alcool très triste après le shot qu’il fallait pas prendre, 3h du mat’ je crois au réveil, le tibia tout bleu, je ne me souviens pas la chute me revient quelques heures plus tard, quand petits fours, belle vue, on rit tous de nos visages pâles, grands bâillements et petits yeux
Tambourinent en boucle tous ces moments-là. Ils occupent. Ils ont pris la place de.
Je les mets où, le temps de travailler ?
Je me suis dit ce soir qu’en les écrivant comme ça, taille timbre-poste, taillés à la hâte, à la hache, ils seraient au moins quelque part, consignés, et pourraient me laisser avancer.
Et c’est vrai, ça marche un peu.
Et toi, dis-moi, qu’y a-t-il dans ta forêt, qu’est-ce qui tambourine, quels doutes et merveilles ? ESt-ce qu’écrire t’aide aussi parfois à refaire sentier ?
La pente pleine de graviers, le bâtiment-bloc, le choix d’y aller, de poser ma bouche sur son front glacé, son visage déformé, son costume jamais vu, disparus son bleu de travail, ses joues chaudes et joviales, son odeur, son regard et ses histoires. #EspacesCompris