Ça pèse lourd une pensée sur soi. Que ce soit celle qu’on formule nous-même ou celle qui nous vient d’autour.
Je reviens de plusieurs jours en famille et c’était le festival des lourdes pensées. J’observe tout plein de choses qui n’ont pas encore assez changé dans ma façon d’agir, de réagir, d’interagir. J’assiste aussi à ce jeu cruel et classique qui consiste à s’étiqueter les uns les autres. Untel est plutôt comme ceci, Unetelle est plutôt comme cela.
Tu te définis. On te définit. Et ça a un sale goût de définitif.
Ça me fait l’effet d’être empaillée. Terminé, pas bouger.
Il y a quelques mois, on m’a fait découvrir un outil merveilleux qui m’aide à échapper à cette drôle de taxidermie. Trois mots magiques : pour l’instant.
Exemples absolument pas tirés de la vie réelle : si on me dit « toi tu ne sais pas trop te discipliner pour travailler seule chez toi, c’est pas forcément une bonne idée de te remettre à ton compte », ça devient « j’ai du mal à me discipliner pour travailler seule chez moi, pour l’instant » ; si je me dis « catastrophe, je me vexe encore tellement facilement », ça devient « je me vexe encore tellement facilement, pour l’instant ».
Je suis épatée par le pouvoir du « pour l’instant ».
Ça ouvre la possibilité de la vie et du mouvement.
Ça me permet de regarder devant.
Ça redonne toujours des ailes à mes lourdes pensées.