16 10 2023

prendre
     les peurs qui ne parlent pas
prendre

     le corps

        écorché d’
             angoisse                      prendre peau


Poème autodaté mais aussi fondu à partir des pages 30 et 31 du Journal d’un corps de Daniel Pennac, Gallimard

aucun langage

la nuit qui tombe sur la mer
personne ne peut parler

en un sens
c’est plus profond

aucun langage
ne sortira inchangé

on ne nous apprend pas
à appeler les choses
en présence
par leur nom

on se souviendra
sans doute
du silence

de la nuit qui tombe
sur d’autres mots

//

poème presque fondu à partir des pages 30 et 31 d’un livre universitaire

La peur d’imaginer

la peur
d’imaginer
sa propre vie
à contre-courant
comme un champ de ruines,
un roman

j’avais commencé
j’étais bien décidé

le samedi suivant
je n’avais pas la moindre idée

besoin de silence


Caviardage à partir de Philippe Lançon, Le lambeau (pages 30 et 31, Éditions Gallimard, Collection Folio)

Discerner la pluie

discerner la pluie
brusquement

tout près
tout autour

des larmes miniatures
des larmes effacées
d’une main sûre

on aurait dit une présence
sans importance

un visage brodé
sans détails

des souvenirs 
sans signature
gommés d’une main sûre


Poème fondu d’après Emily Ruskovich, Idaho (pages 30 et 31)

toutes ces voix

toutes ces voix
que nous n’écoutions pas

je peux entendre la foule
le tonnerre
et la musique

la voici, la musique

je peux trembler debout
dans l’air brûlé
qui s’élève sans fin

cruel staccato

toutes ces voix 
que nous n’écoutions pas

tu te souviendras


Poème fondu d’après les pages 30 et 31 d’un livre…dont je ne me souviens plus !