De retour d’une semaine à la campagne, où j’ai travaillé quelques heures, par-ci par-là, au milieu des souvenirs et des oiseaux chantants…
Suivie d’un week-end de mariage, où j’ai aussi peu dormi et autant ri autant bu qu’à 22 ans…
Il est temps de remettre sur pied mon quotidien, mon appartement, un plan de travail, un jour après l’autre.
J’ai parfois du mal avec les coupures, même petites. Le temps a pris une autre forme, mon corps d’autres habitudes, il faut revenir, ici, maintenant, regarder devant. Reconstituer, raccommoder, les rituels, les évidences. D’autres choses ont pris de la place, beaucoup de place, c’est comme s’il fallait les pousser, les repousser, pour pouvoir continuer. Refaire sentier.
Évidemment, ça ne marche pas comme ça. Forêt dense.
Tambourinent en boucle
des questions sur la petite maison, ce qu’on en fera, qui l’habitera, qui paiera
une conversation dans la nuit noire et froide, dans mon silence et quelques larmes
l’amour
les bons petits plats
le bord de la rivière avec mes neveux et mes bouquins
les chansons à pied
la cueillette du 1er mai
l’attente sur le quai, petite pancarte tracée à la hâte, la joie
les pages du matin griffonnées en pleine journée quand il a fallu trouver de la force, en déposant, quelque part, ce qui débordait
le travail mal assise, mal installée
les rires, les câlins, les chassés-croisés
le retour à 160km/h sur l’autoroute et les mains moites, ne pas oser dire un peu moins vite, revoir des bâtiments, des gens, du bruit, des sourcils froncés, comment fait-on toute l’année
l’étrangeté de l’appartement, à la fois si vide et trop chargé
s’apprêter, mariage en vue
les rires, les rires tellement
la complicité
faire rire, bonheur oublié
le faire rire et se rappeler
l’alcool très triste après le shot qu’il fallait pas prendre, 3h du mat’ je crois
au réveil, le tibia tout bleu, je ne me souviens pas
la chute me revient quelques heures plus tard, quand petits fours, belle vue, on rit tous de nos visages pâles, grands bâillements et petits yeux
Tambourinent en boucle tous ces moments-là.
Ils occupent.
Ils ont pris la place de.
Je les mets où, le temps de travailler ?
Je me suis dit ce soir qu’en les écrivant comme ça, taille timbre-poste, taillés à la hâte, à la hache, ils seraient au moins quelque part, consignés, et pourraient me laisser avancer.
Et c’est vrai, ça marche un peu.
Et toi, dis-moi, qu’y a-t-il dans ta forêt, qu’est-ce qui tambourine, quels doutes et merveilles ? ESt-ce qu’écrire t’aide aussi parfois à refaire sentier ?