Aujourd’hui, j’ai découvert que plusieurs auteurs se regroupaient autour d’un projet mondial nommé « bibliothèque du futur » : ils écrivent des livres qui ne pourront pas être lus avant l’année…2114. L’un des participants, écrivain norvégien, explique : “It’s such a brilliant idea, I very much like the thought that you will have readers who are still not born – it’s like sending a little ship from our time to them.”
Je ne comprends pas cette initiative. Les livres sont déjà pour moi des liens magiques noués à travers l’espace et le temps, déjà promis à ceux-qui-ne-sont-pas-encore-nés, ils sont pour toujours à découvrir, pour toujours surgissants de l’ombre et du silence, mais ils sont d’abord offerts aux vivants, maintenant. Je ne comprends pas qu’on veuille les évincer du présent, les plonger dans ce sommeil de belle au bois dormant.
Bon, il y a aussi une histoire d’arbres qui poussent et qui vont servir à imprimer les livres, apparemment le tout forme un greenartwork dont le sens et la beauté clairement m’échappent. Voilà, je préfèrerais que ces auteurs rejoignent notre délicieux défi des 90 jours de contenu.
Je suis convaincue que l’enjeu c’est plutôt de donner partout et au plus grand nombre la possibilité et l’envie de lire, je vais donc en profiter pour saluer toutes les bibliothèques non pas « du futur » mais bien ancrées dans l’ici et l’aujourd’hui.
Je vais aussi en profiter pour saluer et remercier tous ceux qui créent des trucs et tentent de les partager. Des peintures, des dessins, des spectacles, des poèmes, des articles, des romans, des nouvelles, des collages, des musiques, des sons, des vidéos, des podcasts, des sculptures, etc.
En fait, je sais pas si avez conscience du bien et de la beauté que vous amenez.
Il y a quelques mois, j’étais dans le bus en chemin pour le bureau, j’écoutais ce morceau que j’adore « I’d love to change the world » de Ten Years After, et je me souviens d’avoir pensé : la vie est plus belle grâce à des gens qui ne se sont pas arrêtés à « oh c’est trop risqué », « j’y arriverais jamais » ou « pfff, à quoi ça sert ? ». La vie se remplit de magie grâce à tous ceux qui créent. Ce matin-là, ma vie était plus belle grâce à cette musique que des gens ont eu le coeur et le courage de créer, travailler et partager.
Ma vie est enchantée, embellie, amplifiée par des mots, des mélodies, des voix, des images, des couleurs, des lumières, des gestes et des tracés. Et je suis reconnaissante, tellement reconnaissante, envers tous ceux qui les mettent maintenant dans le monde des vivants. Merci à toi qui crées et qui n’attends pas 100 ans pour nous le montrer.